mardi 11 mars 2014

Mégalérythème épidémique (5ème maladie) et Parvovirus B19

Le virus :

Le Parvovirus B19 est un petit virus de 20 à 25 mm de diamètre comportant un ADN à simple brin.  Le virus cible les cellules progénitrices érythroídes à croissance rapide, qu'on retrouve dans la moëlle osseuse, le foie fœtal, le cordon ombilical et le sang périphérique chez l'humain. On trouve aussi le virus dans les plaquettes et les tissus cardiaques, hépatiques, pulmonaires, rénaux, endothéliaux et synoviaux.

Parvovirus B19 (flèches) Image NEJM

Les jours rouges sont évocatrices. Cliché Dr Gamin avec l'autorisation de la maman
 Physiopathologie :

 L'éruption, les arthropathies correspondent  à l'apparition d'anticorps antiviraux. Il est probable que ces symptômes soient dus à la formation et le dépôt de complexes immuns dans la peau et ailleurs. Les tests sérologiques à ce stade de l'infection montre généralement la séroconversion, les anticorps IgM , ou la présence d'anticorps IgG anti- Parvovirus .

L'infection par le Parvovirus B19, exclusivement humaine, est mondiale.
  La moitié des jeunes adolescents ont des anticorps spécifiques anti-Parvovirus B19. Les personnes âgées  sont séropositives  pour la plupart. Dans les climats tempérés, les infections se produisent par petites épidémies. Le virus se propage par les gouttelettes respiratoires. Le Parvovirus B19 a également été transmis par des produits sanguins.

Image Wikipedia
L'éruption est souvent discrète. Il faut la chercher. Cliché Dr Gamin
La maladie (la 5ème dans le classement ancien) : Mégalérythème épidémique :

Image NEJM
La plupart des cas d'infection par le Parvovirus B19 sont asymptomatiques.
La fièvre et des symptômes pseudo-grippaux non spécifiques surviennent au début, pendant la phase de virémie (premier pic bleu en bas de l'image) .
Après 10 à 15 jours, l'éruption cutanée (second pic bleu en bas de l'image)  apparaît sous forme d'érythème sur les joues (éruption en « joues giflées »). Puis sous forme d'éruptions maculo-papuleuses sur les extrémités et le tronc. Les éruptions peuvent avoir un centre clair, donnant un aspect réticulaire, en dentelle. Le deuxième stade dure environ 1 à 6 semaines. Le patient à ce stade n'est plus contagieux.

Chez les adultes :
 En particulier chez les femmes d'âge moyen, l'infection peut entrainer une arthropathie liée aux complexes immuns. Non seulement une arthralgie, mais aussi une arthrite inflammatoire chez la moitié des patients plus âgés, généralement des mains et parfois des chevilles, des genoux et des poignets, pouvant imiter une polyarthrite rhumatoïde, avec un test pour le facteur rhumatoïde parfois positif. Cependant, l’arthropathie associée au Parvovirus B19 disparaît généralement en quelques semaines, et même si les symptômes persistent pendant des mois ou des années, la destruction des articulations ne se produit pas.

Infection par le Parvovirus B19 chez une femme enceinte :

Les études immunologiques indiquent que près de la moitié des femmes enceintes sont déjà immunisées contre le Parvovirus et ne craignent rien. On recommande aux femmes enceintes ayant des enfants malades à la maison de se laver fréquemment les mains et d'éviter de partager des ustensiles. Cependant,  l'enfant est surtout contagieux au début avant l'apparition de l'éruption quand le diagnostic n'est pas encore fait.
La transmission transplacentaire du virus, peut provoquer une fausse couche. Le virus infecte le foie fœtal, lieu de production des globules rouges au cours du développement précoce. L'aspect gonflé lors d’une anasarque avec des œdèmes, une ascite,  est le résultat d’une anémie sévère et peut-être aussi une myocardite, qui contribuent toutes deux à une insuffisance cardiaque. Une chute des plaquettes peut accompagner l’anémie. L’infection au cours du deuxième trimestre présente un plus grand risque d’anasarque. La plupart des infections à Parvovirus B19 pendant la grossesse ne conduisent pas à une perte du fœtus. Les transfusions in utero peuvent améliorer la situation. Les quelques cas d'anomalies de développement des yeux ou du système nerveux  signalés sont peut-être des coïncidences.

Infection persistante à Parvovirus :

Un manque d'anticorps protecteurs permet au Parvovirus B19 de persister. En l'absence d’immunité antivirale, les manifestations habituelles de la cinquième maladie ne se développent pas (parce que les complexes antigène-anticorps ne se forment pas). Une anémie grave peu se développer, nécessitant une transfusion. Les anticorps anti-Parvovirus sont généralement absents, mais le virus peut être détecté facilement dans la circulation, souvent à des niveaux très élevés .
Ces situations sont rares et liées à un déficit immunitaire congénital ou acquis.

Autres manifestations  particulières :

Une crise aplasique transitoire associée à l'infection à Parvovirus B19 peut survenir chez les personnes ayant des taux réduits d'érythrocytes, par exemple en cas d'anémie liée à une carence en fer, de drépanocytose, de VIH, de micro-sphérocytose ou de thalassémie.

Mode de transmission :

La transmission se fait surtout par contact personnel, par des aérosols, des sécrétions respiratoires ou des gouttelettes de salive. L'enfant est surtout contagieux au début avant l'apparition de l'éruption et donc avant le diagnostic. Le virus peut aussi être transmis verticalement de la mère au fœtus ou lors de transfusions de sang ou de produits sanguins contaminés (surtout des concentrés cumulés des facteurs VIII et IX), et lors de transplantations d'organes (infections nosocomiales iatrogènes) Le risque de transmission verticale au fœtus est d'environ 33 %. .

Période d'incubation : de 4 à 14 jours, mais elle peut durer jusqu'à 21 jours :

Transmissibilité : la maladie se transmet surtout avant l'apparition des éruptions cutanées chez les personnes dont c'est la seule manifestation, et ne peut probablement pas être transmise au stade de l'éruption en raison de la disparition de la virémie. Les patients sont très contagieux pendant les crises aplasiques et devraient être placés en quarantaine pour prévenir la transmission du virus. Les personnes présentant une crise aplasique peuvent transmettre la maladie jusqu'à 1 semaine après l'apparition des symptômes. Les personnes immunodéprimées atteintes d'une infection chronique et d'une anémie grave peuvent demeurer contagieuses pendant des mois, voire des années.

Premiers soins et traitement : 

Habituellement, aucun traitement particulier n'est requis en cas d'infection à Parvovirus B19 chez des patients immunocompétents . Le traitement des symptômes comme la fièvre, la douleur et les démangeaisons peut être nécessaire. Les adultes présentant des douleurs et des gonflements des articulations peuvent avoir besoin de repos et d'anti-inflammatoires, comme des anti-inflammatoires non stéroídiens (AINS) pour soulager leurs symptômes .

"Un article assez grand pour une maladie assez petite en nombre de cas mais assez grande par le type de ses manifestations dont les plus sévères sont heureusement fort rares. "


Références :

 Parvovirus Faculté de médecine Pierre et Marie Curie
Parvovirus B19 wikipedia

                                                                  
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                                       mis à jour le 14/04/2014
                                     

4 commentaires:

  1. Bonjour docteur ! Pourquoi un article sur cette maladie plutôt que sur une autre maladie infantile à éruption ? Celle ci est elle très différente ? Les symptômes permettent ils de la diagnostiquer précisément ?

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  2. Bonjour Tichâ
    Cette maladie est rare. Mais j'en ai vu plusieurs cas récemment. Elle concerne l'enfant, la femme enceinte et son bébé. Il m'a donc semblé utile de la décrire. Quand au diagnostic, il est très facile si on y pense, si on en connait les signes et si on est exigent sur le recueil de ces signes. Le diagnostic des maladies peu communes c'est comme l'identification des champignons: plus on en voit, plus c'est simple et on peut se passer du microscope. Cependant et comme en médecine, il faut rester humble et vigilant. L'erreur n'est acceptable que si elle ne prête pas à conséquence.

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  3. Bonjour,
    Vous faites bien, docteur, car notre petit garçon de six ans a développé cette maladie.
    Le premier médecin généraliste consulté l'a confondue avec une allergie (alors que cette femme-médecin est enceinte!!!).
    Le deuxième est dermatologue et pédiatre. Elle avait une connaissance superficielle de la maladie.
    Nous avons prévenu son école et ses instituteurs des risques encourus.
    Merci pour votre information, très complète et très instructive.

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    1. Bonjour Philippe,
      Le diagnostic est facile lorsqu'on connait la maladie et qu'on y pense.
      Merci pour votre commentaire. Cet article aura donc été utile

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