jeudi 15 octobre 2009

Alimentation du bébé, les peurs, les craintes, les mères , les pères, les pédiatres


A propos du  témoignage d'Emilie "Le lait de vache, c’est pour les petits veaux"!, je développe un sujet sur les difficultés d’alimentation d’un bébé ainsi que les peurs qui s'y attachent.


Merci Emilie d’avoir précisé votre histoire.

Vous n’avez pas à vous défendre : Certains ne mangent pas de porc, d’autres sont anti  « lait de vache ». la seule chose importante est le bébé ; On peut vivre sans porc et sans lait de vache ; C’est simplement un peu plus difficile pour les pédiatres européens car nous sommes de la civilisation de la vache et du blé.
Les pédiatres ont un métier difficile et ne peuvent pas tout connaître. Soyez sympa avec les pédiatres : en plus des enfants, nous avons les mères et parfois les pères!

Pour rester simple et très caricatural, il existe pour moi en matière d'alimentation bien étudiée:

L’Europe : civilisation de la vache et du blé.
L' Asie : le riz,  le soja et le poisson avec Nuocmam qui pallie le manque de poisson pour les populations pauvres.
L'Amérique Centrale le maïs et les insectes.
L'Afrique du nord avec la farine de blé (le couscous) et une « Rouille » qui apporte les acides aminés manquants indispensables pour ceux qui mangent peu de viande.
Et bien d'autres endroits, mais je suis ignorant  hélas et toute ma vie ne suffira pas pour connaitre tout cela!

En Europe où tout semble accessible, se développent des craintes dirigées le plus souvent contre le lait de vache, le blé  à cause du gluten, les œufs et plus curieusement le poisson.
La peur du lait de vache vient peut être des mauvaises expériences de nos arrières grands mères qui ont vu leurs enfants mourir de « toxicose » lors de l’utilisation de ce lait.
La crainte du blé avec le gluten est moins fréquente heureusement,  mais au pire on peut utiliser les flocons d’avoines qui ne contiennent pas de Gluten ou la farine de maïs, le riz.
La crainte des œufs nous dérange moins car les œufs ne sont plus à la mode pour les bébés. C’est sans doute discutable, mais les modes se moquent de cela.

Ainsi, certaines mères ont des inquiétudes ou des désirs particuliers. Notre rôle  de pédiatre est de comprendre l’origine de ces situations, d’expliquer ce qui est compréhensible et de se débrouiller avec l’irrationnel. On ne peut guère lutter contre l'irrationnel.
Le prototype de l’irrationnel est le schizophrène:
Lorsqu’un schizophrène me dit : « Il y a des cameras dans mes jambes » je n’essaie pas de le convaincre de son erreur et je réponds : « j’entends que tu me dis qu’il y a des caméras dans tes jambes »
C'est un exemple excessif: les mères ne sont pas schizophrènes, mais seulement attentives voire inquiètes.


Emile dit :
« en fait je n' ai pas pu allaiter .. j ai donc du me résoudre au biberon et j ai donné du lait en poudre a mon fils qui se tordait dans tous les sens a chaque biberon , j' ai parlé souvent de mon refus de donné du lait de vache même maternisé a mon fils et personne ne m a comprise , enfin en même temps je cherchais pas a être comprise , mais juste écoutée ... »

En effet il faut écouter les mères. Il existe d’autres laits que le lait de vache :le lait de chèvre (qui n’est pas mieux) le lait de jument ou d’ânesse qui reste difficile à trouver et dont on n’est pas toujours certain de la qualité, le lait de soja qui est très utilisé quoique un peu passé de mode depuis que les vaches ne sont plus folles.

Emilie dit :
.. il n a jamais ete malade , jusqu a la visite des 6 mois ou mon fils avait perdu 100Gr .. et la donc moralisation , je nourrissait mal mon fils etc etc ...
...

Il ne faut pas se focaliser trop sur le poids qui peut varier de 300 à 500 gr en plus ou en moins, selon que la vessie, l’intestin, l’estomac est plein ou vide. C’est le comportement et l’aspect de l’enfant qui est important. Si l’enfant va bien, il grossira le mois suivant.
Les mères sentent cela souvent très bien.


Emilie dit :
j ai donc redonné du lait de vache maternisé .. de nouveau mal de ventre , il ne dormait plus en journée , il a enchainé sur une rhino pharingite qui s est aggravé en otite ..

Le lait de vache maternisé est simplement du lait de vache écrémé, avec des graisses végétales plus dé-saturées et plus de lactose. Il a un moment été presque abandonné car il donnait beaucoup de coliques.
Cependant, je ne pense pas que le lait maternisé soit responsable des rhinopharyngites ou des otites.

Les rhinopharyngites sont liées à des rhinovirus (50 à 60 espèces). Il faut s’immuniser, en général avant 3 ans. Les otites sont fréquentes en période automno-hivernales surtout en collectivités.


Emilie dit :
un osteopathe specialisé dans la nutrition , il m a ecoutéattentivement , m a expliqué mes erreurs , mais a aussi ecouter mes envies .. on est passé au lait de jument...

Bravo, l’ostéopathe qui a su écouter et comprendre le problème d’Émilie (et de son bébé)

Ce témoignage illustre les peurs et les difficultés bien légitimes des mères.

Il est difficile parfois pour nous pédiatres qui avons été formé de manière classique, de répondre à ces attentes parfois déroutantes, mais c’est aussi notre rôle.  Ce témoignage rappelle l’importance d’écouter et l’erreur de croire qu’on peut convaincre là où n’est pas la demande.

Écoutons et répondons à la question posée : C’est ainsi que l’on fait pour les expertises.


Nous avons l'impression de manger de plus en plus mal, de vivre dans la pollution, d'être cerné pas toutes sortes de dangers . Cependant l'espérance de vie n'arrête pas d'augmenter, mais pour combien de temps?
La planète se réchauffe, la corruption se banalise, le danger nucléaire se disperse.
Malgré tout :"La vie est belle" 

Voir aussi

L’allaitement au sein
L’allaitement au biberon : quel lait choisir ?
Diversification de l’alimentation du nourrisson.

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jeudi 1 octobre 2009

la grippe A(H1N1): arnaque ou réalité ? La pandémie, le vaccin, l'enfant


Ça sent le souffre, la corruption !
La grippe espagnole, non, sa cousine, est revenue. Et pourquoi pas la Peste ?
La peste ? Mais vous n'y pensez pas. Il n'y a rien à gagner avec la peste. La peste est due à une bactérie, Yersinia Pestis sensible à des antibiotiques  qui ne coûtent rien, les tétracyclines. Donc rien à gagner, circulez ! Mais si vous avez une heure, relisez  "La peste " d' Albert Camus, en édition de poche pas cher. C'est totalement d'actualité.

Mais avec la grippe A(H1N1) c'est plus juteux!

Il existe plusieurs virus responsables de la grippe: on les repère essentiellement par les caractéristiques de deux protéines de leur enveloppe:

La protéine H pour Hémolysine. Il en existe 16 sous types, mais seuls les 3 ou 5 premiers concernent l'Homme (les autres sont aux oiseaux)
La protéine N pour Neuraminidase. Il en existe 9 types dont 3 chez l'Homme. Nous partageons certains virus avec le canard sauvage, le poulet ou le porc.

La figure ci dessous montre les types de virus au cours du XX eme siècle:








On connait le virus de la Grippe Espagnole (H1N1) de 1918 qu'on a pu isoler, parfaitement conservé dans des tombes congelées d'Alaska.  Par contre on ne sait rien des virus des grippes antérieures.

Jusqu'à la fin des années 1950, beaucoup de virus grippaux moins virulents étaient H1N1. C'est pourquoi les gens âgés l'ont déjà rencontré et sont donc relativement protégés. C'est une bonne nouvelle pour eux. De plus ils pourront sans risque de grippe A, garder leurs petits enfants malades (ou non), si on ferme les écoles, pour que les parents puissent travailler.
 

L'arnaque:



En Angleterre Sir Roy Anderson, Professeur d'infectiologie (Professor of Infectious Disease Epidemiology in the Faculty of Medicine, Imperial College, London) est l'un des premiers à avoir parlé de pandémie lors des premiers cas mexicains (avant l'OMS qui a emboité le pas) et à demander l'utilisation des antiviraux. Il a reçu en 2008, 128 000 € comme co-directeur de GSK (Glaxo Smith Kline) laboratoire pharmaceutique qui produit un médicament antigrippal (Le Relenza) et un vaccin pour la grippe A. C'est un très beau coup financier qui jette un très fort discrédit sur toute la suite. On parle poliment de conflits d'intérêts. Mais c'est de notre santé qu'il s'agit. Ce sont nos enfants que l'on veut vacciner.

A Genève, Margaret Chan, directrice de l'OMS est soupçonnée d'avoir "bien facilement" cautionné la modification des règles de classification des épidémies afin de pouvoir déclarer la pandémie de niveau 6 malgré le faible nombre de cas de grippe A. Certains demandent sa démission.

Ce qui pose problème, ce n'est pas seulement le vaccin en soit, mais la politique de santé.
On nous dit:

1. La grippe est très contagieuse. Faux: il y a très peu de cas. J'étais il y a 2 jours à un spectacle, je n'ai entendu personne tousser durant 2 heures 50 minutes donc pas de grippe. En pleine pandémie, c'est étonnant. Et en septembre, j'ai vu deux enfants de 5 et 15 ans présentant des symptômes évoquant la grippe mais laquelle ? Ils sont guéris.

2. Les écoles sont fermées à partir de 3 ou 6 cas avérés (comment avère-t-on ?) Pour faire un diagnostic exact, chez nous, il faut aller à l'hôpital qui fait le prélèvement nasal et l'envoie  vers la ville voisine qui réalise le test: le coût est de 80€ pour le transport + celui de l'examen par PCR (biologie moléculaire) entre 120 et 200 € non remboursés. Tout cela pour recevoir ensuite du paracétamol. Inutile de dire que peu de personnes peuvent se permettre de jeter 300 € par la fenêtre !



3. Cette grippe est 100 fois plus dangereuse que la forme habituelle.  Faux: les morts en France et dans le Monde sont rares, plus rares qu'avec la grippe saisonnière. Les statistiques sont faites sur 10 cas. Est-ce bien sérieux ?



4. La grippe touche les gens jeunes et en bonne santé: Vrai: elle touche les gens jeunes car les gens âgés sont immunisés par les épidémies anciennes. Les gens jeunes sont en général en bonne santé. On remarquera cependant que les formes mortelles ont concerné des personnes le plus souvent fragiles. Cette grippe n'a donc rien d'original.


5. Les nourrissons et les petits enfants sont plus à risque: Discutable: d'où sort cette "vérité" révélée ? Est-ce une affirmation de principe ? Valable pour les gastro-entérites surtout dans les pays où sévit la malnutrition ? Hormis un cas aux Antilles chez un enfant de 18 mois "très fragile" il n'y a pas eu de complications. Dans les pays riches, les nourrissons sont normalement soignés et ne sont pas plus à risque que d'autres enfants. On prend un peu plus de précautions car ils ne peuvent pas nous dire quand ça ne va pas et sont entièrement dépendants de leurs parents.

On ne les vaccinait pas avant, alors pourquoi maintenant ?


6. Il faut vacciner les femmes enceintes:  Faux: et cela ne coûtera pas trop cher car avec toutes les rumeurs et les réserves habituelles concernant les vaccins et la femme enceinte, peu de futures mères iront se faire vacciner.

Dans cette histoire rien n'est démocratique, ni transparent.

Le gouvernement fait l'épidémiologie, dit qui il faut vacciner. Le Préfet organise la campagne de vaccination en mettant de coté les médecins traitants. Les vaccinateurs sont volontaires mais certains notamment en service de PMI (Protection Maternelle et Infantile) ont déjà été réquisitionnés sans qu'on leur demande leur avis. Volontaires ou non, ils passent sous le statut de la réquisition pour "les assurer et les rendre non responsables" en cas de pépin. S'il n'y a plus de responsables, où va-t-on ? Heureusement, notre ministre de la santé, Mme Bachelot qui sait que le "H" du virus H1N1 indique qu'il vient de Hong Kong, veille sur nous. Cela nous tranquillise.


La réalité:

Pour autant que tout ne soit pas complètement bidonné, on peut donner les informations suivantes: Ce virus est peu contagieux et peu dangereux. C'est celui d'une grippe saisonnière dans une forme plutôt atténuée.


Le virus grippal actuel et la fabrication du vaccin:

Le virus de la grippe "porcine" porte des protéines de type H1 et N1 un peu différentes des précédentes. Elles ne sont pas nouvelles puisque la grippe de 1918  était de ce type. Ces protéines comportent des parties fixes et des parties variables qui obligent à modifier les vaccins régulièrement comme lors des grippes saisonnières. Certains changements  plus importants (grippe aviaire, ou grippe actuelle porcine) semblent favorisés par un passage du virus chez un hôte intermédiaire comme le porc, le canard, le poulet.



La fabrication des vaccins antigrippaux est connue de longue date mais reste difficile. Il s'agit de très haute technologie. Seuls 5 ou 6 laboratoires dans le monde ont la capacité de mettre au point et développer un vaccin à grande échelle.

Les deux protéines H et N sont utilisées pour fabriquer les vaccins.  Tout ou partie de ces deux protéines, sont produites en quantité par culture du virus puis extraites, stabilisées et parfois combinées à des adjuvants ou des conservateurs pour arriver au vaccin.




l'hydroxyde d'aluminium est largement utilisé dans la plupart des vaccins. Sans lui, certains vaccins seraient inefficaces. Il suscite des peurs à mon avis peu fondées.



Les Squalènes sont d'utilisation plus récentes et donc plus suspects. Pourtant ce sont des substances naturelles largement répandues chez l'Homme car il s'agit de précurseur du cholestérol. Cependant "naturel" ne signifie pas "anodin".



Un mot sur le Thiomersal ce n'est pas un adjuvant mais un conservateur qui stabilise le vaccin et le rend plus facile à transporter. Cependant, beaucoup de pays (dont la France) le déconseille car il contient du mercure. Il se pourrait que les vaccins multi doses prévus pour les campagnes de masse en contienne. Vigilance!

Que faire ?

Vivre normalement, acheter des mouchoirs jetables et consulter son médecin en cas d'inquiétude. 
Avec tout ce battage médiatique, nos cabinets sont remplis d'enrhumés qui nous disent qu’ils ne seraient pas venus habituellement mais, vous comprenez...
Oui, je comprends parfaitement.



Si les années précédentes, vous n'avez pas été vaccinés, il faut attendre de voir ce qui se passera dans les autres pays. Les États-Unis ont souvent une longueur d'avance sur nous en matière de vaccins. Leur expérience nous sera (peut être) précieuse.

Si vous êtes fragiles, c'est à vous, avec votre médecin, de décider.

Je donne simplement des éléments de réflexion. Chacun est libre de gérer sa santé, ses craintes et ses espoirs.