dimanche 20 septembre 2009

Diversification de l’alimentation du nourrisson.

La diversification de l’alimentation du petit bébé se discute vers l’âge de 3 à 5 mois. Pour l’enfant nourri au sein, elle peut être reportée car le lait maternel suffit jusqu’à 12 ou 18 mois.

La diversification subit des effets de mode. Pendant longtemps, certains l’on retardée au maximum pour éviter les allergies tandis que d’autres plus rares s’appuyant sur le concept de la « tolérance immunitaire » diversifiaient plus tôt.
La tolérance immunitaire fait référence à une période où l’enfant va presque tout accepter sans souci.

Comment savoir ? Seule l’expérience et l’Histoire permettent de s’orienter. On a autant de conseils que de grand-mères, de pédiatres, d’experts.

Je suis un pédiatre (nutritionniste durant 8 ans) situé entre les grand-mères et les experts :
les grands-mères ont nourri leurs enfants dont on connaît la santé. Les experts ont fait beaucoup d’études qu’ils présentent à de grandes réunions (congrès) le plus souvent financées par l’industrie agro-alimentaire. Je préfère souvent l’avis des grand-mères à celui des experts.

Beaucoup disent que le lait en poudre exclusif convient jusqu’à 6 mois. C’est sans doute vrai, mais si cela convient, ce n’est pas pour autant indispensable. Cette affirmation est discutable, car le lait en poudre ou en brique est cher.  Beaucoup de gens sont dans des situations précaires, il faut en tenir compte.

En pratique comment diversifier ?
Les grands principes :
1. Il faut aller doucement, un seul aliment à la fois et observer quelques jours.
2. Il est préférable pour éviter les allergies de donner aux enfants les aliments que leurs ancêtres ont mangés depuis 500 ans. Ainsi les petits européens éviteront les fruits exotiques surtout les fruits de la passion, ainsi que les cacahuètes. Les asiatiques mangeront aussi du soja et des papayes, les noirs africains ne craignent pas les arachides, le manioc.

A 3 ou 4 mois on peut donner :  


  des légumes à midi bien cuits et mixés :
 carottes,



pommes de terre,













courgettes,


d’abord une ou deux cuillères à café puis 50 a 130 grammes faits maison, ou en petits pots, ou surgelés.











Des fruits de nos ancêtres au goûter:

Pomme, poires, coings, en compote, puis banane écrasée très bien supportée.



On complète le repas avec un laitage (biberon) parfois réduit, si l’enfant a moins faim.


A 5 mois :
Il est utile d’apporter du fer, car hormis le lait maternel, le reste de l’alimentation est carencé. Le meilleur fer est celui de la viande. Il est bien absorbé. On commencera donc avec une cuillère à café de

poulet, dinde ou jambon finement mixé mélangé aux légumes.

On peut compléter par un yaourt nature avec un peu de sucre ou de confiture pour donner du goût. Les yaourts d’adultes brassés ou non, font très bien l’affaire. Il est inutile d’acheter à fort prix des aliments pour bébés. Les petits suisses nature font aussi l’affaire. Mais ils sont plus égouttés que les yaourts et donc plus riches. On ne les sucrera pas trop.



Apports de Calcium:

Le lait 1er ou 2eme âge, ou dit "de vache", comme si les autres n'en étaient pas, les yaourts sont similaires pour les apports de calcium. Le gruyère, c'est du lait concentré apportant 8 fois plus de calcium, il faut 8 litres de lait pour en faire un Kg. Quand on donne du yaourt, on peut diminuer d'autant la dose de lait. On ne donnera pas trop de gruyère (dans la purée) car il est riche en sel.

Dans tous les cas, on tient compte de l’appétit de l’enfant. Quand il n’en veut plus, on arrête. Seuls quelques enfants très voraces doivent être tempérés si leur poids s’envole.


Les autres étapes de la diversification sont sujettes à discussion :

Le poisson, l'œuf (blanc et jaune 1/4) d'abord cuit dur, sont introduits traditionnellement vers 7 mois en remplacement de la viande ce jour là.
Le chocolat vers 7 mois aussi. Pour celui ci c'est très variable!

Vers 9 mois ou un an, on peut employer sans souci du lait de vache stérilisé, demi écrémé en le diluant avec un tiers d'eau car il est trop riche en protéines ( 40 gr par litre) et en rajoutant des céréales qui apportent des calories et des acides gras dénaturés. On a ainsi  un "genre de lait de croissance maison " très économique. Et comme bébé boit parfois l'eau de son bain dans lequel il a fait pipi, on peut lui donner de l'eau du robinet , si on ne l'avais pas déjà fait depuis la naissance.


Mais on peut très facilement l'adapter  pour l'utiliser dès 9 mois sous la forme de:

Le lait de croissance-maison : utilisé avec succès pendant 25 ans à mon cabinet:
Lait de vache demi écrémé, stérilisé, pasteurisé ou bouilli
dilué jusqu'à 2 ans  (1/3 d'eau et 2/3 de lait)
enrichi d'une farine pour bébé: une cuillerée dose pour 50 ml  de lait (dans un biberon de 200 ml on met donc 4 doses).
Cela fait parfaitement l'affaire. Et c'est  6 à 10 fois moins cher. Pourquoi dépenser plus pour le même résultat .


Avant 2 ans : il faut éviter les coquillages filtrants (moules, huitres) ainsi que les crustacés (crevettes …), les fruits de la passion, les cacahuètes que l’on trouve dans les « Curly », certains ajoutent les Kiwi et le miel.

Après 2 ans, il est illusoire de vouloir interdire quoi que ce soit, sauf chez certains enfants allergiques ou intolérants.


"Bon appétit : Le repas est un moment de calme et d'échange"

Images Wikipedia sauf poulets (Dr gamin)

Voir aussi: 
L’allaitement au sein
L’allaitement au biberon : quel lait choisir ? 


                               mis à jour le08/01/2017

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dimanche 13 septembre 2009

Grippe A(H1N1) la Grippe bananière ( Billet d'humeur)

 
La grippe bananière, c'est comme la république bananière, un régime où une seule personne importante, qui a  par l'argent, le pouvoir sur tous les autres,  impose ce pouvoir sans contrôle. La gestion actuelle de la grippe en France  rappelle  un peu cette situation.
On ne sait plus où est l'information, l'Intox . C'est n'importe quoi. L'opacité grandit en même temps que l'angoisse des gens.

Les sujets qui fâchent :

Les prévisions alarmistes : elles affolent les gens et finissent par semer le doute. Peu de médecins y croient. Et comme la grippe tarde, on commence à dire que ce sera pour la fin de l'hiver ou pour l'automne prochain. Moi, petit pédiatre, je dis : "on aura sûrement une grippe, saisonnière ou autre, dans les 10 ans à venir".

La contagiosité de cette grippe. Il y a si peu de cas par rapport à une grippe saisonnière classique. Elle est donc peu contagieuse.


La gravité : même situation. Alors qu'en 1968, il y a eu 30 000 morts en quelques semaines, on nous parle de 5 morts et  "certains" ajoutent au vu de ces chiffres que cette grippe est 100 fois plus dangereuse que la forme classique car  etc. .. Des arguments curieux. 5 Morts contre 30 000 c'est assez parlant. La grippe actuelle pour le moment est gentille.

Les masques :
1.Les masques chirurgicaux (tout public) évitent seulement et très douteusement de contaminer son voisin.
2. Les masques FFP2 réservés aux "professionnels" sont si étanches qu'on étouffe et qu'il est impossible de les garder plus de 10 minutes. Heureusement, ils sont réservés aux professionnels qui les enlèveront rapidement. Cela évitera des morts par asphyxie.

Le vaccin : globalement c'est une bonne chose, il faut le reconnaitre. Sa fabrication rapide et surtout son utilisation massive aussitôt inquiète.

Qui vacciner ?  Alors que la maladie toucherait les jeunes, on va vacciner les femmes enceintes et les sujets fragiles (qui refusent rarement les vaccins).

Pour les femmes enceintes : ça ne devrait pas coûter cher car depuis longtemps, on vaccine peu les femmes enceintes pour 2 raisons:
les femmes enceintes sont en période de "tolérance immunitaire" et donc réagissent peu aux vaccins qui sont moins efficaces chez elles.
En cas de réaction indésirable, le fœtus, en formation, risque de subir des dommages non évalués, donc prudence.



Les sujets fragiles : ils préfèrent prendre leurs précautions et  se font facilement vacciner; leurs choix sont compréhensibles et respectables.

L'organisation des vaccinations :
Le gouvernement informe donc, avec l'aide le l'OMS à propos de la grippe. Il dit "qui il faut vacciner", Il organise la campagne de vaccination. Le gouvernement maitrise donc toute la chaine.  On se croirait dans un pays de l'Est du temps de Staline. Il n'y a plus aucune place pour l'échange public, aucune démocratie.

En pratique : selon les informations qui peuvent changer: les vaccinations organisées par les préfets, auront lieu dans des centres (des gymnases !!)  avec médecins, infirmier(e)s secrétaires, étudiants en médecine et étudiants infirmiers tous volontaires mais qui (pour assurer officiellement  leur responsabilité) seront réquisitionnés . Autrement dit, ils seront rendus irresponsables pour les assurer et pourquoi pas  pour, peut être leur permettre de mieux accepter les consignes "supérieures".




Eviter de voir des malades. Et la solidarité et l'entraide qu'en faisons-nous ? Retourne-t-on au Moyen âge ?
Faut-il mettre une clochette aux malades ou un bracelet GPS (c'est plus tendance!) ?
La peste se soigne, de même que la lèpre et bien d'autres maladies.














Lépreux sonnant sa cloche pour avertir les passants. (Manuscrit latin du XIVe siècle)


Le régime de la grippe bananière se met donc en place.

Pourtant il existe en France, une médecine de qualité, avec des médecins généralistes, des spécialistes, des hospitaliers qui connaissent leurs patients et pourront les vacciner facilement, et individuellement. Les "fragiles et les femmes enceintes " ne sont pas si nombreux et même s’ils surchargent notre activité durant quelques jours, on s'en sortira.

On ne comprend donc pas pourquoi l'Etat se substitue au système de santé existant dont notre ministre a eu la gentillesse de rappeler qu'il était le meilleur du monde. Le système du préfet serait-il meilleur que  "le meilleur du monde" ?
Cela fait penser au sketch de Coluche sur les lessives: qu'est ce qui lave  "plus blanc que blanc"
Le seul souci c'est qu'il ne s'agit pas ici de lessive, mais de la santé des gens : enfants et femmes enceintes compris.



"La grippe inquiète,  la grippe bananière affole. "

Pour le moment :
 On reste calme , on prévoit des mouchoirs et du paracétamol , on prend l'avis de son médecin habituel. 


.Bananier, ière : République bananière: apparemment démocratique, mais régie par les intérêts privés de la prévarication ( comme les régimes d'Amérique centrale dominés par de grandes exploitations agricoles (Petit Robert)

jeudi 10 septembre 2009

Grippe A(H1N1) : Les soins aux jeunes enfants.


On lit beaucoup de chose à propos de cette grippe dont on voit peu de cas en France.
Parmi les « groupes à risque », se trouveraient « les jeunes enfants de moins de 2 ans»



















"Essaye de m'ausculter maintenant"



Que faire avec eux ?
Il faut déjà noter la difficulté du diagnostic car les myalgies et les courbatures ne se voient pas. Un bébé fébrile grognon, c’est très banal. Est-ce pour autant la grippe ? N’importe quelle rhino-pharyngite peut simuler une grippe.
Par ailleurs la grippe n’est pas très fréquente chez les petits enfants. Voici le graphique de la répartition des cas  en fonction de l'âge, telle que je l’ai observée à mon cabinet durant les années précédentes (541 cas), entre 2004 et 2009 :












  Graphe: Syndrome grippal ( Nombre de cas) et age des enfants (2004-2009)

Il y a peu d’enfants de moins de deux ans (68 cas) et le pic se situe entre 3 et 4 ans. A cet âge le diagnostic est facile. Il n’y a pas eu de complications chez ces enfants, mais  l’hôpital a fait état de quelques sinusites potentiellement graves, qui ont guéri. Il n’y a pas beaucoup de grands enfants dans cette série, car sans doute vont-ils plus volontiers chez les médecins généralistes.

Prévention : 



1. On reste calme.
2. Le vaccin n’est pas disponible et beaucoup de parents me disent avoir des réticences.  Quand le vaccin aura été utilisé chez d’autres et qu’on connaitra sa tolérance et son efficacité, on avisera. Par chance, la production semble un peu en retard chez nous.
3. Si une épidémie survient, il peut être raisonnable pour ceux qui sont en collectivités, de trouver un mode de garde individuel chez une personne de la famille ou un voisin.

La maladie est là :

Si l’enfant est malade, il faut aller voir son « pédiatre ». Les pédiatres sont habitués aux maladies des petits enfants et savent en général prendre en charge les inquiétudes des parents. Première question : est-ce une grippe ? Le médecin peut (hors contexte épidémique flagrant) avoir des hésitations. Il ne faut pas lui en vouloir. C’est difficile la pédiatrie. L’essentiel est l’évaluation de l’état de santé de l’enfant.

Le traitement :



Le plus souvent le traitement se limitera au traitement de la fièvre, du nez, s’il est encombré et de la toux. L’humidification qui fluidifie les secrétions est utile. On pensera à donner à boire, ne pas couvrir, et fractionner les repas si l’enfant vomit.
On aérera la maison pour limiter la concentration de virus et donc la contagion ; Le port d’un masque par le bébé me semble dangereux, Pour les parents sains il est illusoire.

Les signes d’alertes sont surtout respiratoires : difficulté à respirer, sifflement ou crépitation respiratoire, difficulté à s’alimenter, vomissements.

« Toux n’est pas grippe, grippe n’est pas tout »




Illustration: Chloé, 6 mois,"Essaye de m'ausculter maintenant"  Gravure à l'eau forte (Dr Gamin)

PS: l'étude Australienne publiée dans le NEJM montre en effet qu'il y a plus de petits nourrissons de moins de 1 ans hospitalisés pour grippe, mais il ne font pas des formes particulièrement sévères. En France, on devrait avoir un phénomène amplifié, car les consignes aux médecins, d'hospitaliser facilement les bébés ont étés répétées et on peut comprendre la prudence de ceux ci (note du 6 /11/2009).

mots clés: A(H1N1), bébé, enfant, Grippe, soins, statistiques, vaccin

samedi 5 septembre 2009

Grippe A(H1N1) et rentrée scolaire: plus de questions que de réponses


 A
trop vouloir tout prévoir quand ce n’est pas possible et quand on n’a pas d’argent pour financer, on alimente la pagaille.
 12 millions d’élèves entrent en classe. Les instructions sont assez claires. Mais les discours assez alarmistes contrastant avec un avenir incertain, inquiètent. Comment savoir ? On ne peut pas connaître l’avenir mais on peut analyser le passé. J'ai donc ouvert mon ordinateur . Mon activité durant ces 4 dernières années concerne 4600 enfants différents avec 48000 actes (diagnostics, certificats, examens de laboratoires...). Je peux tout analyser comme je le veux, c'est très facile (vive l'informatique!)
Que s’est-il passé les années précédentes ? j’ai donc regardé dans le fichier  :


1.      l’apparition des épisodes de toux (Toux banale sans gravité, signe qui peut faire craindre la grippe ) :1070 cas.


2.      la survenue de la grippe saisonnière : 541 cas.
 Qu’appelle-t-on grippe et comment fait-on le diagnostic ? La « grippe », que je préfère appeler syndrome grippal associe forte fièvre, toux, courbatures,   grande fatigue, et un contexte épidémique.   Tous les patients ont la même chose. C’est suspect le premier jour  quand l’épidémie commence, mais évident le second. Cette année, l’hôpital disposait de tests rapides qui ont permis un diagnostic avec certitude.

Virions grippaux (Myxovirus influenzae) quittant leur cellule hôte, grossis 100 000 fois (microscope electronique). cliché Wikipedia









3.       NB : Méthodologie : On notera que les sujets qui sont grippés et qui donc toussent aussi ne sont pas comptés parmi les tousseurs On n’est compté qu’une seule fois

Graphe 1 :  Épisodes de toux (nombre de cas) et mois de l’année  de 2005 à  avril 2009 


















Graphe 1
  
Graphe 2 : Grippe classique et mois de l’année de 2005 à avril 2009    

   









Graphe 2


            Sur le graphe 1 qui correspond aux toux, on voit facilement que les enfants ne toussent pas au mois d’aôut (10 cas) mais commencent dès septembre (72 cas) avec un maximum en décembre (158 cas) et janvier (151 cas). Ceci indique que la rentrée scolaire est rapidement suivie de toux. Est-ce la promiscuité, le temps ou les 2 ? La mise en route du chauffage est en tout cas déterminante par la convection qu’elle produit.


Sur le graphe 2 qui correspond aux grippes, on observe un pic extrêmement brutal en janvier et février. Ce pic, bien que concernant les 4 dernières années est essentiellement dû à l’épidémie de grippe saisonnière A(H1N1) du début de cette année. Cette année (2009) il y a eu deux alertes,  l’une mi janvier et l’autre fin février. Il y a un fond de "syndromes grippaux" qui sont probablement des copies - ça ressemble à- , ou peut-être des vraies grippes isolées, comme on le voit pour la maladie actuelle. Quand c'est bénin, je ne fais aucun test. Les enfants et leurs parents n'aiment pas les piqures. Ils ont raison.


Discussion :
On voit donc que les enfants toussent rapidement après la rentrée. On peut s’attendre donc à des craintes voire un début de panique assez rapide des les premières toux. Les parents auront peur de la grippe d’autant que rien n’est prévu pour  garder les enfants. Il y aura sûrement des fausses alertes, mais la grippe attend en général que l’hiver soit bien installé.


" Toux n’est pas grippe, grippe n'est pas tout ! "



La grippe devrait, avec un peu de chance, survenir plus tard.

Recommandations gouvernementales  (extraits) : Site du gouvernement sur la grippe

Quels sont les gestes barrières ?
Se couvrir la bouche et le nez avec un mouchoir en papier quand on tousse ou on éternue ; le jeter ensuite dans une poubelle fermée et se laver soigneusement les mains.
Se laver les mains régulièrement et avec soin, avec du savon ou une solution hydro-alcoolique en comptant jusqu’à 30.
Éviter tout contact avec une personne malade.

En pratique :
Préparons nos mouchoirs et ce qu’il faut pour la fièvre.
En attendant, on reste calme.

« Le gouvernement veille, le virus est en veille. Restons actifs. »






vendredi 4 septembre 2009

La cueillette des Champignons

La promenade en forêt avec des enfants est souvent appréciée quelque soit l'âge. La présence de champignons rend cette sortie beaucoup plus intéressante. Le but n'est pas nécessairement de ramasser, mais d'observer, photographier, créer des bons moments d'échange entre les parents et les enfants. J'entends souvent dire "Je n'y connais rien, je n'y vais pas" alors qu'il faut penser " Je n'y connais rien, j'observe et je ne touche pas". D'ailleurs, tout le monde connait certains champignons.





Mêmes les enfants savent que ce champignon tout rouge avec des points blancs qu'on retrouve dans les dessins animés, est toxique. On ne le ramasse pas et on ne lui donne pas un coup de pied. Il n'est pas dangereux puisque tout le monde le connait. Cela n'avance pas beaucoup de savoir qu'il s'agit d'amanita muscaria ou amanite tue-mouche. Pour nous, médecins, c'est mieux de savoir qu'il contient de la muscarine, qu'il est dangereux mais pas forcement mortel: la situation est sérieuse mais non désespérée.

Celui ci est plus difficile. C'est le plus dangereux de tous, responsable de la plupart des intoxications. C'est une amanite, avec un anneau blanc autour du pied et une volve en sac (comme un sac engainant le pied) parfois enterrée.  On le trouve partout, sous les chênes surtout mais pas seulement.  c'est amanita phalloides ou amanite phalloïde. Il est mortel: On ne le touche pas. Un seul spécimen même petit ( les petits sont plus faciles à confondre) peut tuer tout le monde. La situation est extrêmement sérieuse.



Mais il n'y a pas que des champignons toxiques. Quel bonheur de rencontrer celui ci. Quand on le retourne, on voit qu'il n'a pas de lames sous le chapeau mais des petits trous, ce sont des pores qui contiennent les spores utiles pour la reproduction du champignon. Celui ci est boletus edulis ou cèpe de Bordeaux excellent comestible, coupé en tranches et passé à la poêle avec un peu d'huile d'olive.

L'observation au microscope des spores des champignons permet parfois de mieux le reconnaitre. Tous les bolets ont des spores qui se ressemblent mais le microscope ne vous permet pas de savoir si le champignon est comestible ainsi boletus satanas toxique a les mêmes spores que boletus édulis délicieux.




Là aussi c'est un vrai bonheur et celui-ci est difficile à confondre Un vrai délice. Les savants l'appellent cantharellus cibarius, et d'autres "girolle ou chanterelle". On le trouve facilement en vente.






Un petit dernier. Il est si beau dans le soleil et très courant. Il pousse sur les vieux troncs de hêtres. Heureusement qu'on ne doit pas retenir son nom : oudemansiella mucida  ou plus simplement mucidule visqueuse ! Il est non comestible, seulement décoratif.





Quelques informations pour finir :
Si vous n'êtes pas sûr, observez et passez votre chemin
Si vous ramassez un champignon, prenez le entier, avec tout le pied pour permettre une identification plus facile.
Montrez votre cueillette à votre pharmacien. Certains sont très connaisseurs et d'autres moins.

Souvenez vous que pour se nourrir, les champignons recourent à leur mycélium qui peut atteindre plusieurs m². Ne piétinez pas inutilement autour d'une espèce rare.

Ce mycélium apporte au champignon sa nourriture mais aussi des polluants.

Les champignons ont la fâcheuse tendance à concentrer les radio-éléments en particulier le Césium radioactif. Dans certaines régions françaises (Savoie, Drôme Corse) carte de France de la radiactivité,  les mycologues ne ramassent plus les champignons depuis l'accident de Tchernobyl.


Dans le même ordre d'idée, il ne faut acheter que des champignons dont on connait l'origine ("importé de Russie ou de l'est" = éviter).
On a même connu un camion de "Champignons italiens" qui venait tout droit de Russie.


Bonne promenade.

" Si je ne connais pas, j'observe et je ne touche pas"

Toutes les Photographies ont été faites par le Dr Gamin ou ses enfants.

  Si vous  utilisez  ces Photos, merci de mettre un lien vers ce blog.





















jeudi 3 septembre 2009

Le lait de vache, c’est pour les petits veaux !

Il existe des différences essentielles entre l’Homme et la vache :
L’Homme en apparence n’a pas de cornes ! (en général)
L’Homme est un omnivore. La vache est végétarienne
L’Homme ronchonne. La vache rumine. Ceci est important.


La laitière. Johannes Vermeer (Rijkmuseum, Amsterdam) (XVIIème siècle)


Entre le lait humain et le lait des autres mammifères, tout diffère :

Les protéines : 40 g/litre chez la vache contre 12 à 20 g seulement chez l’humain. Car le petit veau atteint sa taille adulte vers un an.

Les graisses : 40 g/litre dans les deux espèces, mais elles sont très différentes. La rumination qui facilite le travail des bactéries dans le rumen de la vache sature les graisses présentes dans l’herbe. Ainsi les animaux ruminants ont des graisses très saturées, nocives à long terme pour l’homme.
(Le lait des baleines et des autres mammifères marins vivant en eau froide contient 50% de graisses qui apportent au baleineau l’énergie pour survivre dans ces lieux hostiles.)

Les Sucres: aussi sont différents. Le principal sucre du lait est le Lactose 40 g/l chez la vache, 70 g/l chez l’Homme. IL existe encore des mystères concernant ce sucre ; C’est dans le lait humain qu’il est le plus abondant, chez le cheval on en trouve 50 G /l et chez l’otarie 0 g /l. Il semble exister une relation inverse très forte entre la maturation du cerveau à la naissance et le taux de lactose. L’Etre humain a un cerveau très immature à la naissance ; Son autonomie physique est nulle tandis que l’otarie possède déjà un cerveau de capacité proche de l’adulte. La vache est intermédiaire et le cheval un peu moins mature.
Curieusement cependant, la suppression du lactose de l’alimentation de certains nourrissons ne semble pas entrainer de troubles du développement ni aucune pathologie. Le lactose est un dimère formé d’une molécule de Glucose (le sucre du raisin) très répandu associée à une molécule de galactose sucre présent uniquement dans le lait et que l’Homme ne sait pas fabriquer ; on appelle ce genre d’élément un élément « essentiel » en biologie. Pourquoi le lactose est –il si abondant dans le lait sans qu'on puisse facilement lui trouver une utilité? La Nature ne s’encombre habituellement pas d’objets inutiles. Bizarre !

Le caractère « Ruminant » de la vache a une conséquence capitale :

Pour que la digestion d’un ruminant soit efficace, il faut que son rumen soit un nid à microbes, parasites, champignons, virus qui « digèrent » l’herbe mâchée. Le lait de vache favorise le développement des microbes dans l’intestin du petit veau, ce qui lui permettra de ruminer efficacement ensuite. Il facilite donc les infections. Tous les producteurs de lait connaissent parfaitement ce problème et le combattent dès la traite. Ceci explique pourquoi le lait de vache se conserve mal à l’état naturel. Il faut le réfrigérer, le pasteuriser ou le stériliser. Le lait de jument ou d’ânesse, animaux non ruminants, est moins dangereux mais rare.

L’intestin humain fonctionne différemment. Il contient beaucoup moins de bactéries. Le lait maternel est plutôt stérilisant. Il facilite le développement d’une flore très différente.

Le lait maternel contient également des sucres complexes, assez mystérieux, du Fer très assimilable, des anticorps et des cellules immunocompétentes ainsi qu’une foule de composés dont l’utilité reste à préciser.

On comprend vite que chaque espèce de mammifère a « son lait », résultat d’une adaptation durant plusieurs millions d’années . Et, jusqu’à preuve du contraire, la sélection naturelle favorise « le meilleur ».

Par un travail de haute volée, les industriels ont adapté le lait de vache à l’homme ce qui rend bien des services même si ce n’est pas parfait.

Utilisation du lait de vache chez les nourrissons :

Une première tentative "sérieuse" semble a lieu vers 1780 à l’Hôpital des enfants trouvés à Paris (Saint Vincent de Paul, maintenant). En raison de la pénurie de nourrices, on fait venir une vache. Les bébés meurent presque tous de gastroentérite en raison de la contamination du lait. Mais cela continuera longtemps.
Les campagnes pour abandonner ces pratiques sont violentes :











Affiche de la Croix Rouge américaine

Il a faut attendre la pasteurisation pour donner aux enfants du lait propre. Cela prend du temps et l’utilisation courante du lait de vache est effective après la Grande Guerre (14-18)


"Le lait humain, c’est pour les petits bébés
Le lait de vache, c’est pour les petits veaux"


Mais on peut très facilement l'adapter  pour l'utiliser dès 9 mois sous la forme de:

Le lait de croissance-maison : utilisé avec succès pendant 25 ans à mon cabinet:
Lait de vache demi écrémé, stérilisé, pasteurisé ou bouilli 
dilué jusqu'à 2 ans  (1/3 d'eau et 2/3 de lait) 
enrichi d'une farine pour bébé: une cuillerée dose pour 50 ml  de lait (dans un biberon de 200 ml on met donc 4 doses).
Cela fait parfaitement l'affaire. Et c'est  6 à 10 fois moins cher. Pourquoi dépenser plus pour le même résultat .


« Dit Papa, et le lait des pingouins c’est comment ? » R : C’est mal étudié et puis les pingouins ça n’a pas de lait. T’as déjà vu un bébé pingouin qui tète? C’est la rentrée, tu demanderas à la maitresse »
PS : Le Dr Gamin indique qu’il n’y aura pas de sujet sur le lait de pingouin mais il répondra s’il y a des questions. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » Cependant il faut nuancer car en 2012, on a trouvé du lait dans le gosier de certains oiseaux !!

Références :

Dr Gamin : L’allaitement durant la première année de la vie (Mémoire)
Marie-Claude Delahaye : Tétons et tétines, histoire de l’allaitement. Ed. Trame way. C’est un livre extraordinaire.
Pour la science : L’évolution Rien ne l’arrête ! (Dossier- avril-Juin 2009)
Pr. Henri Lestradet : communication personnelle
The Pediatric Clinics of North America : Breastfeeding I et II, N° 48 1 et 2 févr. et Av. 2001 Ed. Saunders

Voir aussi:
L’allaitement au biberon : quel lait choisir ?
L’allaitement au sein
Diversification de l’alimentation du nourrisson. 

Mots clés: alimentation, animal, baleine, Homme, Mère, infection, lait, nourrice, nourrisson, Nutrition, otarie, ruminant, vache


                               mise à jour le 08/01/2017

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