samedi 20 novembre 2010

Des jouets toxiques pour Noël ?

Comme chaque année, à cette période, fleurissent des articles sur les produits toxiques des jouets que l’on donne à caresser, à inhaler, à manger à nos chers bambins.

Déjà, dès l'aspect on peut essayer de voir où est le problème. Prenons l'exemple de ces deux chiens que tout le monde connait:

à gauche: Giacometti, que l'on trouve, pas si facilement d'ailleurs, chez  Sotheby's en général,
et à droite: Jeff Koons, à Venise en ce moment.
On voit tout de suite que celui de gauche est un peu anguleux, en métal suspect avec peut-être des soudures au plomb et il a l'air souffreteux, ce qui pourrait nuire au développement psychique du "petit". Celui de droite est plus inoffensif.

Qu'en pensez vous Docteur? La question que le "Docteur" attend !

"Il n'en est rien pour qui s'y connait: celui de gauche est une reproduction en matière bio, super cool et résiliente et donc très tendance, et celui de droite est en plastique non précisé sur le prospectus, avec un gaz pas du tout hilarant." (Ça commence mal cet article!)

Avec la chimie, il est encore plus difficile  de s’y retrouver.
Procédons par ordre de citations en 2010 :

Les phtalates : c’est un composant essentiel pour assouplir certains plastiques très résistants.
Les autres plastiques sont très nombreux, purs ou contenant parfois du Bisphénol A. Tous ont des avantages et des inconvénients. Ainsi, certains plastiques sont moins toxiques, mais leur fabrication dégage plus de gaz à effet de serre.

Les phtalates sont considérés comme un des nombreux modificateurs endocriniens. On en découvre tous les jours.

Les plus récents à la "une" de l’actualité sont le paracétamol l’aspirine et l’ibuprofène, selon une enquête chez des femmes et des études troublantes chez le rat (On prend note, c'est intéressant, mais on n'est pas des bêtes. )

Car l’aspirine, maintenant supposée toxique pour le testicule du fœtus, a permis des grossesses simples et tranquilles autrefois mortelles pour l'enfant et parfois la mère.



On distingue en particulier trois métaux : le mercure, le plomb, le cadmium, pour lesquels d’une part on n’a pas pu mettre en évidence de rôle positif pour l’activité biologique, et d’autre part qui peuvent être à l’origine d'intoxications ou de maladies graves.

Ces trois métaux n’ont aucune raison de se retrouver dans les jouets. Il s’agit de polluants ou de composés frauduleux.

Le plomb peut se trouver dans les peintures mais en Europe c’est interdit depuis presque 100 ans.

Le mercure se trouve dans certaines piles mais aussi dans nos lampes à basse consommation qu’il faut donc apporter chez le marchand quand elles ne fonctionnent plus.

Le cadmium se trouve dans certaines batteries de nos chers portables, des jouets électroniques qui de plus sont en plastique.


Le formaldéhyde (autrement dit le formol) se trouve dans les vernis des jouets en bois mais aussi dans celui de nos parquets flottants. Il est cancérigène.


C’est un produit chimique composé à partir du formol et de l’ammoniac. Il va être interdit dans les jouets en Europe  (directive en cours)

Il est irritant corrosif par contact avec la peau, les yeux, dangereux par ingestion Il semble également tératogène c'est-à-dire dangereux pour les fœtus.  Lors de sa combustion, il dégage du monoxyde de carbone, de l’ammoniac, et peut être de l’acide cyanidrique (cyanure) Le point éclair (risque de feu) est de 154 ° C. Or, la température d’une cigarette incandescente dépasse 500 °.

Le caractère cancérigène ne semble pas totalement établi.  Mise à part une étude chez le rat qui indique que des cancers de la vessie pourraient exister (à suivre).

 Selon les spécialistes belges,  on trouve  malheureusement ce produit dans la composition de la  mousse des tapis puzzle que nos bambins vont porter à la bouche. Ces produits chimiques peuvent passer dans l’organisme au fil des contacts avec la peau, ou des inhalations, et souvent les enfants jouent simplement en couche sur ce type de jouets. Vigilance donc

          Ne brûlez pas vos tapis puzzle, ce peut être dangereux. Ne fumez pas à proximité.
Stockez-les à la cave en attendant d'en savoir plus. Tous les modèles ne sont peut être pas concernés. Il sont cependant le plus souvent importés de Chine.



Les diodes luminescentes : peuvent être toxiques pour les yeux. Mais les phares des voitures et plus encore le soleil le sont aussi. On ne va pas supprimer le soleil qui est la source de notre vie, mais les diodes ne sont pas indispensables pour les enfants.


A coté de cette chimie, vient :
L’allergie :
Ici, on ne sait plus où on met les pieds car chacun peut être allergique ou intolérant à n’importe quoi.
Les parfums sont cités. Mais que viennent-ils faire dans des jouets ?


Plus simple : les petits objets que l’enfant peut inhaler en particulier les yeux des peluches.




Ce nounours là parait hostile mais il a les yeux bien fixés (cependant dans l'encre utilisée pour l'imprimer, le noir de carbone, n'est pas très écologique). Rien n'est parfait

Mais l’environnement hostile ne se limite pas aux jouets.

Je citerai en vrac :
Le biberon trop chaud,
La table à langer,
La cuisine où on se brûle,
Le salon où on prend le café qui cause de graves brulures, et où il y a des cacahuètes!
La chambre encombrée de peluches bourrées d’acariens qui font tousser,
La salle de bain qui glisse,
Les fenêtres, les escaliers, les portes,
La piscine,
La boite à outils,
La vie...

"On peut toujours aller à la scierie et fabriquer ses jouets soi-même mais certains bois sont allergisants, la sciure n'est pas bonne pour les poumons, on peut attraper le tétanos et les outils sont parfois en plastique. Alors ..."


Pour résumer:
Tout se complique mais heureusement des techniciens, un peu affolants parfois, surveillent la planète.

Cette affaire me rappelle une "Expertise des années 1978" où grâce à une technique extrêmement performante de chromatographie en phase gazeuse, on avait recherché des substances cancérigènes dans le Whisky. On en avait trouvé dans beaucoup de Whiskys, surtout écossais!
C'était bien sur une étude "américaine" !

Image: Album Tintin. "On a marché sur la lune" p.5 chez Casterman



Le tabac et l'alcool sont responsables de plus de 100 000 morts par an, mais il reste raisonnable de protéger nos enfants qui ne seront pas forcément tabagiques et/ou alcooliques plus tard .
Pour finir sur une note optimiste:

"Tout est dangereux mais c'est dans les pays les plus riches en jouets toxiques, que l’espérance de vie est la plus longue, donc, il y a des raisons d’espérer!"
 NB: On perçoit ici tout de suite l'absurdité de certains raisonnements simplistes.


70 ans et plus       82 ans et plus      80-81 ans      78-79 ans      76-77 ans      74-75 ans      72-73 ans      70-71 ans      indisponible









moins de 70 ans      65-69 ans      60-64 ans      55-59 ans      50-54 ans      45-49 ans      40-44 ans      35-39 ans      moins de 35 ans

En pratique:

Evitez Giacometti ou Jeff Koons car on manque de documents,
Lavez les peluches,
Aérez les autres jouets,
Vérifiez que tout est solide et bien attaché (yeux boutons, etc...) avant de les donner aux enfants.
Ne laissez pas trainer les sacs en plastique.

Références :
Women in Europe for à Common Future (WECF) un petit résumé en français de 3 pages à propos des jouets.

"Le Monde" daté du 8 novembre 2010 citant l'étude de la revue Human Reproduction à propos des fœtus, du paracétamol et du rat.




                                         mise à jour le 14 décembre 2010


             
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dimanche 24 octobre 2010

Vaccins pour les enfants : Que faire, que choisir ?

En écrivant la suite des articles sur les vaccins, je réalise que cette tâche est bien délicate. Il y a beaucoup de vaccins, et le consensus est moins fort. Le fiasco du vaccin de la grippe H1N1 a laissé des traces. Donc, avant de continuer à décrire tous ces vaccins dont beaucoup me semblent utiles, je voudrais aborder la question : Pourquoi se vacciner ? Contre quoi ? Comment faire son choix ?

Je fais beaucoup de vaccins, aux enfants bien sûr, et je rappelle aussi aux parents qu’il faut être à jour.

En fait plusieurs questions peuvent être ajoutées :

Quelle latitude pour les parents ?
Quel est le rôle du pédiatre dans cette décision ?
Le pédiatre a-t-il une légitimité pour s’occuper de cette décision ?
Comment est–il informé ?
Comment savoir si un vaccin est sûr ?
Comment savoir si un vaccin est utile ?
Quel est le rôle de l’Etat et de son ministère de la santé ?
La nécessité de protéger les populations passe-t-elle avant l’intérêt individuel ?
En guise de conclusion

A l’évidence, je n’ai pas tous les éléments de réponse. Et quand bien même je les aurais, il n’est pas du tout sûr qu’ils conviennent aux parents. Mon expérience personnelle (15 ans de responsabilité dans les Hôpitaux de Paris, puis 25 ans de pédiatrie en ville) sera furieusement mise à contribution.

Quelle latitude pour les parents ?

"A tout seigneur tout honneur", commençons par les parents :

Comment les parents décident–ils de faire vacciner leurs enfants ?

 La majorité délègue la décision au pédiatre « On vous fait confiance Docteur, on s’en remet à vous ».

C’est fort aimable, et cela pourrait paraître confortable. Ça l’est moins qu’il n’y parait.
Autant cette confiance est formidable lorsque l’enfant est malade, et les parents n’ont alors guère le choix, autant elle est moins justifiée pour prendre les mesures préventives comme la vaccination.

Une minorité discute la pertinence de certains vaccins.


Un groupuscule refuse presque tous les vaccins.

Si les parents s’enferrent -c'est rare- la discussion coince et ils ont rapidement plus de plaisir à fréquenter un confrère plus "cool", en général du coté des médecines dites « douces » .




Pour ne pas entrer dans des considérations trop théoriques, je prendrai deux exemples:


La méningite à méningocoque C en 2002 :
En région clermontoise, une discrète augmentation des cas mortels de cette effroyable méningite a entrainé une campagne de vaccinations des enfants. La télévision et la radio sont arrivées. On ne parlait plus que de ça dans la France entière. Le ministre avait dit :"il faut vacciner". Il y avait un nouveau vaccin dont on ne savait pas grand-chose. Mais la psychose était telle que les cabinets étaient pris d’assaut. Devant un tel enthousiasme, il n’y avait guère le choix, il fallait vacciner. Ce fut fait.
Même les plus critiques des parents arrivaient au cabinet avec leur vaccin et je les comprenais.

On sait cependant que le méningocoque est un microbe très fragile qui ne supporte pas quelques secondes de froid et qu’il suffit d’aérer quelques minutes pour tuer tous les microbes en suspension dans l’air. L'efficacité est partielle car il reste des microbes dans le nez , mais leur transmission est ralentie. C'est déjà ça. Mais c’est sans doute une méthode si ringarde qu'elle n’a même pas été rappelée.

L’hépatite B vaccin porteur de polémique :
C’est un vaccin que je propose pour les nourrissons. Pour les réticents, la question se pose parfois en Maternelle lorsque apparaît la « vilaine » affiche : « il y a un cas d’hépatite B dans l’école » Aussitôt consultation et question, innocente sans doute : « est-ce-que mon enfant est vacciné et sinon pourquoi pas? »
Heureusement la réponse est très facile : « votre enfant n’est pas vacciné car vous n’y étiez pas favorable »
Et pour tranquilliser les parents devenus subitement très demandeurs j’ajoute : « rassurer vous l’hépatite B ne s’attrape pas si vite, nous allons le vacciner »

En un rien de temps ce vaccin jugé suspect est devenu indispensable.

On peut multiplier sans fin ces exemples où la réaction affective devant un risque personnel balaye toutes les réticences culturelles parfois si profondément ancrées.

Le choix des parents doit toujours être pris en compte mais on voit qu’il est sujet à des variations bien compréhensibles.



Quel est le rôle du pédiatre dans cette décision ?
Le pédiatre a-t-il une légitimité pour s’occuper de cette décision ?
Comment est–il informé ?
Comment savoir si un vaccin est sûr ?
Comment savoir si un vaccin est utile ?


Le rôle du pédiatre est d’informer les parents de ce qu’il sait à propos des vaccins.

Il est légitime qu’il aide à la décision car il est sensé être le mieux informé et comme il fait lui-même beaucoup de vaccins, il connaît les effets secondaires les plus courants.


Comment le pédiatre est-il informé ?
C’est ici que cela se complique : je ne sais pas comment "les pédiatres" sont informés. Je sais seulement comment moi, je le suis :

Il y a les études à la Fac et l'expérience hospitalière. Ce n’est pas négligeable.

Les publications et recommandations de nos experts.

Il y a les visiteurs médicaux qui prêchent pour leur chapelle.

La culture personnelle. Je ne citerais que « La peste » de Camus que j’ai relu au tout début de la Grippe A, un bijou !

Il y a des revues françaises ou étrangères. Lorsqu’une revue française est consacrée aux vaccins, mais que sur 30 pages, il y a 5 pages de publicité pour des grandes marques de vaccins, on peut avoir des doutes sur l’indépendance de la revue, mais ceux qui écrivent dedans ne sont pas forcément tous pourris.
Il y a de grandes revues comme le New England Journal of Medecine (NEJM) que j’aime beaucoup, qui n’a pratiquement

pas de publicité si ce n’est pour des médicaments pour le 3ème âge (une page au maximum). C’est une revue de médecine d’adultes que j’utilise quotidiennement, mais je doute que beaucoup de médecins de ville soient abonnés car c’est cher, en anglais et il y a un numéro par semaine. Ça calme!
Ce n’est pas la seule revue formidable mais il faut garder du temps pour soigner les petits, voir ses enfants et vivre !

Pour les amateurs sachant lire: « Pour la science »

ou « La recherche » ou « Le Monde » sont remplis d’informations médicales.
Mais il faut du temps. Pour pouvoir lire plus, je suis obligé de réduire mes horaires de consultation. On ne peut pas avoir un médecin qui travaille 12 heures par jour et qui soit en plus au courant.

Il y a bien sûr Internet qui constitue un outil formidable (le site du NEJM réservé aux abonnés est très riche). Il y a deux grandes réserves concernant la médecine sur internet :

1. On trouve tout et n’importe quoi en particulier sur les forums où le pire côtoie rarement le meilleur.

2. Internet est Alzheimer.  Il n’y a rien de plus de 5 ans et même de plus de 1 an parfois ce qui fait que toute l’expérience des anciens est complètement ignorée. Cette expérience n’existe que dans les livres. Mais les livres sont chers surtout en médecine. C’est un manque pour ceux qui renoncent à investir dans le papier quand la toile est gratuite.

Comment savoir si un vaccin est sûr ?
Comment savoir si un vaccin est utile ?


Pour certains vaccins diphtérie, tétanos, polio, coqueluche, hémophilus, c’est très facile car on a une très longue expérience et on observe que dans les pays où la vaccination n’est pas bien faite la situation est délicate.

Pour d’autres, persistent des réticences : faibles pour la rougeole, faibles pour le pneumocoque mais le vaccin est un peu douloureux et un peu récent (une dizaine d’année), plus fortes pour l’hépatite B alors que cette maladie est la première cause de cancer du foie en Asie pauvre (chez nous c’est l’alcool mais il n’y a pas de vaccin et de toute façon ça n’aurait guère de succès).

Deux vaccins m’interrogent plus sérieusement.
Le vaccin contre le méningocoque C car il est récent environ 10 ans et peu utilisé aux USA où d’habitude les américains se ruent sur les nouveaux vaccins.
Le vaccin contre les papillomavirus (cancer de l’utérus) qui est encore plus récent, et dont on ne saura que dans 30 ans s’il est utile ou nuisible. Les opinions sont très partagées.

Si j’étais dans la pensée unique, je ferais le « Pari de Pascal » :
Faut–il croire en Dieu ?
OUI bien sûr car s’il existe on gagne.
S’il n’existe pas on ne perd rien.

Mais je n’arrive pas à me résoudre à ce genre de démarche non scientifique d’autant que certaines firmes pharmaceutiques pratiquent un lobbying commercial très puissant, pour ne pas dire plus.
Ceci nuit à la clarté du débat.

Comme aurait dû dire Lao Tseu: "Post tenebras lux" "la poste dans les ténèbres c'est du luxe" (traduction libre, très libre du Dr gamin qui a fait 6 ans de latin, mais si, mais si!)

 Je ne crois pas que ces vaccins soient nuisibles mais les zones d’ombre notamment celle concernant le vaccin Rotarix*, récemment retiré du commerce aux USA ne nous éclairent pas, si l’on peut dire !

Quoiqu’il en soit chacun fait au mieux.
 
Quel est le rôle de l’Etat et de son ministère de la santé ?
L’Etat fait comme il peut, coincé entre la canicule de 2003, le sang contaminé, la vache folle, le déficit en hormone de croissance et l’OMS, sans parler du principe de précaution, ni des élections. A l’occasion de la Grippe A, l'Etat montrait ses limites.  Certains experts ont étalé sans vergogne leur incompétence et d'autres, très rares, réticents au courant dominant, ont été traités de tous les noms d’oiseaux.

Dans un article du Monde .fr, le Professeur Marc Gentilini ,spécialiste des maladies infectieuses, membre de l'Académie de médecine et ancien président de la Croix-Rouge , juge "indécents" les moyens financiers mobilisés par l'Etat pour faire face à la possible flambée de grippe A à la rentrée, comparés aux faibles sommes allouées à d'autres maladies bien plus meurtrières.
Inutile de dire qu'il n'a pas été écouté alors que c'est une personnalité mondialement connue.

L’Etat fait ce qu’il peut. Ses motivations m’échappent parfois.

"Notre Ministre, souriante, en 2010, s'est faite officiellement vacciner contre la grippe A(H1N1) devant les caméras de télevision."

La nécessité de protéger les populations passe-t-elle avant l’intérêt individuel ?
C’est une vaste question qui, je l’imagine, taraude parfois les décideurs.

Elle s’est sans doute posée pour la vaccination antivariolique car le vaccin n’était pas totalement anodin mais la vaccination généralisée a fait disparaitre la maladie.

Cette question se posera peut–être à nouveau à propos du vaccin antituberculeux d’efficacité médiocre, à mettre en balance avec l’émergence de bacilles de Koch, résistant à beaucoup d’antibiotiques. La protection des individus ne serait alors plus efficace qu’en vaccinant tout le monde.

Mais il ne suffit plus de vouloir pour y arriver. Le fiasco de la grippe A l’a bien montré.


En Conclusion
Rôle du pédiatre, rôle des parents.


Le pédiatre informe de l’existence des vaccins, de la Loi et des recommandations françaises, et étrangères s’il en a connaissance. Dans sa manière de donner l’information, il y a sûrement parfois un certain enthousiasme ou une certaine réserve qui influera sans doute sur la décision des parents. Je ne fais pas de «médecine douce» mais je fais assurément de la « pédiatrie douce ».

Les parents décident en dernier ressort. Leur histoire, leur culture, l'inclination pour les médecines parallèles douces ou autres influencent leur décision. Il faut en tenir compte. Mais lorsque je suis convaincu d’une chose, l’expérience me montre que les parents me suivent le plus souvent.

«Il est difficile d’être parents, de décider de ce qui est bon pour son enfant,

 Il est bien plus facile d’être pédiatre. N’en profitons pas."


Bon hiver. Bonne lecture

jeudi 14 octobre 2010

Charte du site et quelques mots

Résumé:
Ceci est une site de pédiatrie ouvert à tous. Je tiens à rester anonyme car je n’ai pas le désir d’utiliser ce média pour augmenter ( ou diminuer , sait-on jamais) ma clientèle. Merci pour vos commentaires. Je ne ferai aucune réponse personnelle car la médecine nécessite une relation interpersonnelle impossible sur un site. Les informations que je donne sont générales et ne vous concernent peut-être pas. Si vous avez un doute, allez voir votre médecin et discutez en avec lui. J’ai une pratique quotidienne de la pédiatrie, je lis beaucoup, mais je ne sais pas tout et je peux me tromper parfois. La médecine reste un art difficile. Ce n’est pas pour rien que les études durent 11 ans.
Merci de me lire. 
Ce site est indépendant, libre de tout financement quel qu'il soit et sans publicité.

Quelques mots
« Les enfants, les  bébés particulièrement, arrivent sans mode d’emploi, sans stage de mise à niveau, sans période d’essai, "ni repris, ni échangés" ! Pour les parents il faut s'adapter très vite.»

Je suis entré dans le vif du sujet sans même me présenter ni expliquer ma démarche. Ne croyez pas que je sois distrait, je manque seulement d’un peu de temps.
Une mise au point m'est apparu nécessaire à la réflexion, en guise de d’introduction.



En quelques mots : je suis pédiatre, en  province maintenant, passionné par mon métier. Il n’y a qu’à écouter les conversations à la sortie des écoles pour savoir que la santé de nos enfants  et plus généralement la Santé, est un sujet qui intéresse, interroge, passionne les gens. Les pédiatres sont certes là pour soigner les enfants, mais aussi les parents. Dur métier !

Je considère qu’un médecin est là pour donner des informations, faire si nécessaire le diagnostic, proposer son avis et un traitement, si besoin. Le patient dispose. Cependant il ne s’agit pas d’une relation marchande, mais d’un échange basé sur la confiance, (ce qui n’exclut pas le sens critique).
La médecine est devenue terriblement vaste et complexe mais il faut bien que certains restent comme moi, des « généralistes »qui ne « savent rien sur tout »,  par opposition aux « super spécialistes » comme je le fus un temps, éminemment utiles certes et qui savent « tout sur rien ».



Alors j'ai décidé d'ajouter ma petite pierre numérique en parlant de presque tout, mine de rien.

Chaque fois que je le pourrai, je développerai un sujet. Le choix peut dépendre  de l’actualité mais aussi  du côté polémique opaque ou particulièrement discuté du sujet. La médecine se prête volontiers à la complication (sans jeu de mots ou de maux !). L’ancienne habitude du « mandarinat » a laissé des traces et une certaine opacité que l’évolution des mœurs puis la survenue d'Internet ont judicieusement dépoussiérées.
.

Tout ce qui sera raconté ici sera absolument authentique, pratiqué par moi-même, et si possible référencé. Cependant même si le discours est sous tendu par une connaissance générale comme je l'ai expliqué à propos des vaccins, les idées développées ici  reflètent également mon opinion personnelle et ne saurait engager la profession. Je n’appartiens à aucun groupe de pensée. Je suis un franc tireur indépendant. Comme tout être humain, je revendique le droit à l’erreur et je vous remercierai de bien vouloir me faire part de vos divergences de vue lorsqu’elles existent, ce qui ne manquera pas d’arriver.


Ce que ce blog n'est pas :

Ce blog n'est pas un site de cabinet de pédiatre.
Je ne révèlerai pas mon identité. Mon but n'est pas de pêcher des clients sur l'internet ou de me faire de la pub clandestine. Mon anonymat ne m'empêche pas de respecter scrupuleusement la déontologie de ma profession. Même si mon anonymat devient pour certains, un secret de polichinelle, la règle restera l’anonymat.

Ce n'est pas non plus un site de consultations pédiatriques. Je ne répondrai à aucune question par mail ou posée en commentaire visant à obtenir un renseignement à usage personnel. Mais si la question appelle un commentaire général, je répondrai avec plaisir. 


Ce site applique les règles habituelles des "sites sérieux" renforcées par celles de la déontologie médicale telles qu'on peut les trouver sur tous les sites de ce genre. Les commentaires sont "modérés" selon les règles classiques.

Merci à tous les visiteurs de leur curiosité.

Dr gamin



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Date de dernière mise à jour : [8/11/2011]

mercredi 13 octobre 2010

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dimanche 6 juin 2010

Les vaccins (1): tétanos, poliomyélite, diphtérie, coqueluche, rougeole, rubéole, oreillons

Les vaccins suscitent des  espoirs et des craintes. Certaines réticences sont parfaitement connues et d'autres plus nouvelles. Trois sont obligatoires: diphtérie, tétanos et poliomyélite, pour des raisons historiques. Les autres plus récents sont seulement conseillés et souvent bien acceptés. Dans cette première partie, nous verrons les vaccins classiques comme:
la variole
le tétanos
la poliomyélite
la diphtérie
la coqueluche
la rougeole
la rubéole
les oreillons
Conclusion provisoire
les autres vaccins, plus polémiques ou plus récents

La variole appartient à l’histoire : Elle a cependant refait parler d'elle après les attentats du World Trade Center car, si la maladie a disparu, il existe encore des virus candidats potentiels pour le bio-terrorisme dans certains laboratoires. (avis aux inquiets et aux amateurs de scénario catastrophe)

Image: Gaston Mélingue 1894 - le Dr E. Jenner réalisant le 1er vaccin contre la variole en 1796 Lithographie. Sur la droite, on observe une femme qui remet un pansement sur sa main où se trouve  le bubon prélevé pour ce "vaccin"
C’était une maladie virale mortelle dans plus de la moitié des cas.Elle a décimé la planète. Jenner, médecin anglais,  remarque comme d’autres avant lui, que les garçons vachers sont réfractaires à la variole. Il fait le rapprochement avec la vaccine, une maladie assez bénigne qui se traduit par des bubons sur les pis des vaches.
Il pratique alors une inoculation de la sérosité de ces bubons et réalise ainsi  la première vaccination sérieuse.  Ces personnes, "vaccinées", sont devenues résistantes à la variole. Il va ensuite populariser cette vaccination.
En France et dans le monde, la vaccination anti-variolique a été supprimée au début des années 1980.

Le tétanos:

Si le tétanos dans le monde, existe surtout dans les pays où la vaccination n'est pas faite, la vaccination concerne tout le monde.
Les premiers signes sont souvent une dysphagie (douleurs et difficultés à la déglutition) et une douleur de la nuque.

Chez le nouveau-né, tout débute par un refus de téter. Au fur et à mesure que l'infection progresse, apparaissent le trismus (blocage de la mâchoire en position fermée), le rictus sardonique (grimace caractéristique due à la contracture des muscles de la face) et l'opisthotonos (hyper-extension de la nuque et du dos par contracture des muscles paravertébraux).  
Image: tétanos néonatal , rigidité extrême, wikipédia fréquent en Afrique

 
Peu de personnes refusent la vaccination contre le tétanos, maladie effrayante et mortelle une fois sur deux. Le réservoir du bacille tétanique est le cheval et quelques autres mammifères parfois domestiques (vache, mouton, chèvre, porc, chien, chat, souris, cobaye, lapin, volaille...) ou l'Homme (notamment chez les individus en contact permanent avec les chevaux). Ce bacille forme des spores qui peuvent survivre 10 ans dans la terre ou être emportées par le vent et se retrouver en ville, où on ne les attend pas. A titre de comparaison, le virus du sida ne survit qu'une vingtaine de minutes en dehors de l'organisme humain, celui de l'hépatite B 8 jours. Le mode classique de contamination autrefois était la culture des rosiers, riches en épines que l'on fumait avec du crottin de cheval.  
Cette maladie ne disparaitra donc jamais.                

 En France le tétanos est devenu rare mais n'a pas disparu

Le vaccin est bien supporté et très efficace
Faites vacciner vos enfants !! et vérifiez pour vous, adultes, tous les 10 ans.





La poliomyélite


Le vaccin anti poliomyélite ne pose guère de problème, car la polio des années 50-60 avec ses paralysies, le poumon d’acier (premier respirateur artificiel) est restée dans les mémoires. Après la « victoire » contre la variole, l’OMS a caressé l’idée de voir disparaître également la poliomyélite mais le travail reste immense car les zones d’endémies sont multiples notamment dans les pays pauvres et chauds.
Le premier vaccin oral vivant, que l'on prenait "sur un sucre" n'est plus guère utilisé car il a entrainé de très rares cas de poliomyélites.
Le vaccin injectable, non vivant est sûr, efficace et bien supporté.
Faites vacciner vos enfants !! et vérifiez pour vous, adultes, tous les 10 ans.


La diphtérie  est due à un bacille tout gentil, Corynebacterium diphtheriae, lui même infecté par un virus (un bactériophage) responsable de la fabrication de la toxine diphtérique. Ce phage le rend très méchant.
La maladie commence par une angine sévère   asphyxiante (le "croup")  puis se complique :
2 à 6 semaines après les premiers symptômes, sous l'effet de la toxine, des troubles neurologiques et cardiaques font leur apparition. La mort survient par atteinte cardiaque.
Image: Agence de la santé publique du Canada. Après la vaccination débutée en 1926, la diphtérie a pratiquement disparue sauf un pic, mondial, durant les années 1970.
 Le vaccin antidiphtérique est curieusement bien accepté bien que le souvenir de la diphtérie soit lointain. Peu de gens se rappellent "le croup" angine affreuse avec trachéotomie et évolution souvent dramatique. Mais les gens savent encore que "la diphtérie: c'est mauvais". La dernière épidémie, très meurtrière (125 000 cas 4000 décès), a eu lieu en Russie dans les années 90. Quelques touristes nous l’ont rapportés en France sans grandes conséquences car tout le monde est vacciné. L’anatoxine utilisée pour le vaccin mis au point par Gaston Ramon  en 1923 est localement mal supportée lorsqu’on multiplie les rappels. Les vaccins à partir de 6 ans sont donc moins dosés et mieux tolérés.
Faites vacciner vos enfants !! et vérifiez pour vous, adultes, tous les 10 ans.


La coqueluche :
La coqueluche est une maladie grave chez les bébés de moins de 6 mois chez qui elle peut donner des arrêts respiratoires imprévisibles et mortels. Elle a presque disparu.
Le vaccin anti-coquelucheux suscitait des questions. L'ancien vaccin donnait de la fièvre et très rarement (1 pour 3 millions) des encéphalites gravissimes. Pour ces raisons, le vaccin a été supprimé en Angleterre à la fin des années 70. 3 ans plus tard est survenue une épidémie chez des nourrissons avec 17 Morts. Le vaccin a été rétabli. Actuellement heureusement un nouveau vaccin existe. Les réactions immédiates sont plus rares et les encéphalites semblent avoir disparues.

Le vaccin récemment amélioré est efficace 10 ans et bien supporté. La tendance actuelle est d'effectuer un rappel chez les jeunes (futurs) parents pour qu'ils ne contaminent pas leurs enfants. Profitez du rappel DTP vers 25-26 ans pour le faire car il existe un vaccin combiné.

Faites vacciner vos enfants tout petits !! il est illogique d'attendre que le bébé soit grand car la coqueluche n'est alors que gênante.
 dessin  http://www.armando-presse.com

La rougeole



Image OMS La rougeole et ses encéphalites ont pratiquement disparues dans les pays où se fait le vaccin (en bleu)

La rougeole est une maladie qui semble bénigne mais qui est responsable d'encéphalites dans 1cas pour 1000 et des leucoencéphalites mortelles 15 ans plus tard à l'adolescence alors que tout semblait en ordre (comme disent les suisses).

 Le vaccin anti-rougeoleux est plutôt bien accepté. Il suscite cependant des discussions:
En Angleterre, il était suspecté d'être responsable de la survenue d'autisme.Une mise au point très récente (2010) du Lancet (journal médical anglais de haute volée) indique que l’article impliquant ce vaccin comme cause d’autisme a été invalidé car fondé sur des travaux entachés d’erreurs.
Le vaccin est responsable de très rares cas de syndrome de Guillain-Barré (polyradiculonévrite) en général rapidement résolutifs mais toujours fort inquiétants.

Quand et combien d’injections pour la rougeole ?
Le vaccin est plus efficace à 14 mois qu’à 12 et à fortiori qu’à 9. La tendance actuelle (principe de précaution ??) est de faire le vaccin plus tôt, vers un an (ce qui justifiera d’autant plus le rappel !!) alors qu’en France, la rougeole est rare.
Actuellement on propose un rappel, discuté aussi. La première injection serait inefficace dans 5 % des cas. L’idée est de supprimer la rougeole en Europe, et la rubéole en même temps (comme on l’a fait pour la variole et on le souhaite pour la polio, mais on en est très loin). La récente épidémie suisse montre que c'est "au minimum un échec partiel" . Voilà que je deviens diplomate. Aïe, où sont mes gouttes?
Cette idée était intéressante il y a 30 ans et sans doute pas folle, mais depuis ce temps, la situation politique et sanitaire a changé.
Pour supprimer une maladie exclusivement humaine, il faut une couverture vaccinale de 95 à 98  % de la population. La maladie ne se transmet plus et s’éteint. Or ceci est devenu irréalisable avec les mouvements actuels de population et l'augmentation de la pauvreté. Il suffit de regarder une carte des maladies pour constater que les vaccins sont employés surtout chez les riches. De plus, comme le vaccin est moins immunisant que la maladie, son effet s'épuise. Il faut faire des rappels quand les gens vieillissent.
Les gens, dans les pays riches, se sentent saturés de vaccins et parfois se mettent à douter même de l'essentiel. L'affaire de la grippe A (H1N1) n'a rien arrangé!

L’alternative stratégique serait de ne faire qu’une seule vaccination vers 14 ou 16 mois car c’est plus efficace, en tentant de maintenir la couverture actuelle (92 % en France) et de compter sur les quelques cas de rougeole pour raviver de manière durable l’immunité vaccinale.

Ce n’est pas la voie choisie par nos experts. Actuellement, on nous matraque d’avis poussant à pratiquer rapidement la seconde injection car le nombre de cas de rougeole a augmenté. C’est vrai, mais cela concerne en France, beaucoup d’enfants de communautés refusant « les vaccinations ».

Le vaccin est efficace. Il peut donner de la fièvre 8 à 10 jours plus tard et très rarement une rougeole très gentille qui dispense du rappel.
Faites vacciner vos enfants pour éviter les encéphalites.!! Le vaccin existe seul ou associé à la rubéole et les oreillons. Je suggère l'association mais, les parents décident.

< Mise à Jour Juillet 2011:Retour de la rougeole



La France est au premier semestre 2011 soumise à une augmentation des cas de rougeole qui concerne essentiellement des enfants non vaccinés (par choix des parents) ou vaccinés une seule fois, il y a plus de 10 ou 15 ans car la protection vaccinale, contrairement à l'immunité naturelle n'est pas durable. Les personnes prudentes peuvent envisager sereinement une injection de rappel, bien tolérée. Au delà de 20 ou 25 ans, il est probable que la plus part des personnes ont rencontré le virus  et sont protégées, mais on manque de données.


La rubéole:

 C’est une maladie gravissime pour les fœtus de mois de 3 mois. Elle entraine des malformations multiples au moment où se forment les organes, alors que chez la mère elle peut parfois être inapparente.
Il faut donc vacciner toutes les filles, même celles qui pensent l’avoir eu car il existe des « copies » de rubéole dues à d’autres virus. Les perfectionnistes peuvent faire un test sérologique.
Comme  la maladie est gravissime pour les fœtus, on vaccine aussi les petits garçons (merci messieurs) pour qu’ils ne contaminent pas leurs copines et leurs mères. C’est bien. D’un autre côté on vaccine les petites filles contre les oreillons pour qu’elles ne contaminent pas les garçons. Les oreillons sont toxiques pour les testicules. (merci mesdames)
Cette vaccination peut être faite seule ou combinée avec celle de la rougeole et des oreillons.
Le vaccin est très efficace et bien supporté.
Faites vacciner vos enfants !! et vérifiez pour vous, Mesdames en âge d'avoir des enfants (un bonheur est vite arrivé, même si on n'y pense pas!) .
Mesdemoiselles, Faites vous vacciner !!

Les oreillons:

Cette maladie virale se manifeste par une inflammation des glandes parotides, sous les oreilles,  des méningites bénignes mais fort désagréables, rarement des complications à type de surdités et des orchites (inflammation du testicule) plutôt chez l’adulte. Il existe des formes inapparentes.
Le vaccin est efficace et bien supporté. Il est seul ou combiné avec la rougeole et la rubéole.
Les enfants sont donc pour la plupart vaccinés et protègent les testicules de leurs pères. Les jeunes pères qui n'ont pas eu les oreillons peuvent se faire vacciner. Le vaccin est sûr et efficace.


En guise de conclusion provisoire:

Malgré  toutes les vilénies qu'on raconte, ces vaccins ont permis d'améliorer la santé de chacun et apportent une protection efficace. En France où les réticences sont rares, on peut être cool pour les dates, tout en restant logique, lors des consultations personnalisées.

"Lorsque les réticences sont fortes j'explique la logique, les avantages, les risques connus et ceux qui trottent dans l'esprit des gens et je marque sur ma prescription:
"Selon le désir des parents: vaccin XYZ, une dose " et curieusement les parents sont alors le plus souvent d'accord la fois suivante."
De la douceur, de la douceur !

             "trop de vaccins tue le vaccin"

Bonne lecture, merci à tous.

Dans un autre chapitre :
Nous verrons les vaccins qui nécessitent un plus grand discernement (tuberculose, méningite  à méningo C, varicelle etc...) , qui suscitent des craintes ( hépatite B), qui sont plus récents (haémophilus, pneumocoque, papilloma-virus, rotavirus) ou que j'ai oubliés !


Certains vaccins ne seront pas abordés ( tularémie, spirochétoses, encéphalopathie à tique, choléra, typhoïde etc..) mais pourront être abordés à l'occasion de questions.
                                           Mise à jour le 21/07/2011
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mercredi 21 avril 2010

Volcan islandais Eyjafjöll : nuage toxique ou non ? Fluor, soufre, cendres, « On ne nous dit pas tout »

"Les pieds sur terre mais la tête dans les nuages"
Image: Icelandic Met Office: Eyjafjallajökull eruption: This close-up is taken at 20:30 Monday evening 19 April 2010 from a small aeroplane flying at 6000 ft (1,8 km).

Comme parfois en cas de catastrophe naturelle pour laquelle il n’existe guère de parade, les autorités sanitaires, si elles n'affolent pas, nous rassurent à fond .
 Pour Tchernobyl, le nuage (n’ayant sans doute pas de visa, n’avait pas pu franchir la frontière) alors qu’on a pu voir que l’Est de la France, l'Alsace, le Jura, la Drôme, la Corse avaient reçu beaucoup de radio-éléments. Si l’information avait été donnée et même s’il n’y avait pas assez de réserves d’iode pour protéger les populations exposées, cela aurait eu le mérite de la transparence.

Image Crirad: contamination par le Cesium 137


Qu’entend-on  ici ?

Ici, alors qu’on ne sait pas grand-chose, on nous dit : "Ce nuage est toxique pour les avions qui sont cloués au sol mais pas du tout pour les gens !!». Les plus futés ajoutent avec aplomb : "les particules sont tellement petites que ça ne craint rien !!"

Or c’est lorsque les particules sont très petites qu’elles pénètrent au plus profond des poumons, dans les bronchioles et les alvéoles.

Comment savoir ? en fait c'est assez simple :


En 1783 le Laki , volcan islandais plonge l’Europe dans le Chaos :
Ce volcan fait partie d’un groupe en éruption tous les 10 à 20 ans et que   les volcanologues connaissent parfaitement.
image du Laki : wikipedia
Ce fut une éruption beaucoup plus importante que celle que nous observons, du 8 juin 1783 au 7 Février 1784. Au Royaume-Uni, l'été de 1783 est connu comme l'« été de sable » à cause des pluies de cendres. Les gaz furent emportés par la convection de la colonne d'éruption à des altitudes de 15 km. Les aérosols créés provoquèrent alors un refroidissement dans tout l'hémisphère Nord.  Le volcan Grímsvötn, duquel part la fissure du Laki, était aussi en éruption de 1783 à 1785. L'épanchement de gaz, dont les 8 millions de tonnes de fluor et 120 millions de tonnes de dioxyde de soufre donna naissance à travers l'Europe à ce qui est connu sous le nom de « brouillard de Laki ».


Conséquences sanitaires :

En Islande :

Environ 80% du cheptel de moutons, 50% du bétail, 50 % des chevaux moururent à cause de fluoroses, dentaire ou osseuse, dues aux 8 millions de tonnes de fluor rejetées

21% de la population  mourut de famine de 1783 à 1784

En Europe :

L'inhalation de ces gaz sulfurés provoqua une augmentation de la mortalité.
En Grande-Bretagne, les archives indiquent que probablement le taux de mortalité doubla ou tripla au Bedfordshire, Lincolnshire et sur la côte orientale. 23 000 britanniques moururent à cause du nuage en août et septembre 1783. On estime que l'hiver extrême causa 8 000 décès supplémentaires.

En France, les archives dans le perche (Normandie) montrent un triplement de la mortalité durant les trois mois qui suivirent l’éruption.

Les perturbations climatiques durant les années suivantes avec des étés chauds avec de la grêle en 1788 détruisirent les récoltes, puis des hivers rudes apportant pauvreté et famine pourraient être un élément favorisant la Révolution Française.



Toxicité du Fluor


A très faible dose le fluor (sous forme de fluorure  de sodium ou de calcium) n’est pas toxique. Il améliore même la solidité des dents et des os.

A dose plus forte il entraine des fluoroses dentaires qui vont fragiliser les dents et causeront la mort du cheptel en Islande.

A très forte dose tel qu’on peut le trouver dans des insecticides agricoles, c’est un poison très puissant. Il bloque l’activité respiratoire des mitochondries et entraine la mort très rapidement.

On l’utilise en biologie, particulièrement dans les laboratoires, lors du dosage de la glycémie. Les tubes de prélèvements sont fluorés afin d’empêcher les cellules de consommer le Glucose ce qui fausserait son taux.

Is the ash dangerous ? Extrait du site de Iceland Met C'est de l'anglais facile.

Yes, the fluorine is dangerous to livestock. The fine ash can also effect human health, for example the respiratory system. The fluorine content is approximately 850 mg/kg according to chemical analysis carried out by the Institute of Earth Sciences, University of Iceland, on a sample taken 19 April. An earlier sample since 14 April only measured 25-35 mg/kg of fluorine because the water vapour from melting ice rinsed the ash. When the eruption progressed, water became less accessible.


Toxicité  du dioxyde de soufre :


  Le SO2 est produit par les volcans et divers procédés industriels.  Classification du CIRC
Groupe 3 : inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’Homme
 Inhalation : très toxique, mort, produit de l'acide sulfureux dans les poumons.
Peau : dangereux, corrosif, formation d'acide au contact de surfaces humides.
Yeux : dangereux, corrosif, formation d'acide au contact de surfaces humides.
Ingestion : toxicité relativement faible, effets à long terme inconnus


Le dioxyde de soufre (SO2) est un agent irritant moyen ou fort. La majeure partie du SO2 inhalé ne se rend pas plus loin que le nez et la gorge. D'infimes parties seulement atteignent les poumons, à moins que la personne ne prenne de grandes respirations, qu'elle ne respire que par la bouche ou que la concentration de SO2 soit élevée.
La sensibilité varie selon l'individu, cependant, une exposition de courte durée (de 1 à 6 heures) à des concentrations de seulement 1 ppm peut causer une diminution réversible de la fonction respiratoire. Une exposition de 10 à 30 minutes à une concentration de seulement 5 ppm a causé une constriction des bronchioles. Des effets ont été observés chez un seul des onze volontaires exposés à une concentration de 1 ppm. Une exposition de 20 minutes à une concentration de 8 ppm a causé une rubéfaction de la gorge et une légère irritation de la gorge et du nez. Une concentration d'environ 20 ppm est désagréablement irritante, même si certaines personnes travaillent en présence de concentrations dépassant 20 ppm. Une concentration de 500 ppm est tellement désagréable qu'une personne ne peut même pas prendre une seule inspiration profonde.



Toxicité des cendres :

Image: Fines particules de cendres vue au microscope électronique à balayage (wikipédia).


Les cendres sont en général composées d'oxydes de silice, de fer et de Magnésium, associées à des tas de substances , des métaux toxiques pour la santé et l'environnement (plomb, mercure, arsenic, cadmium, nickel, zinc, etc). Les volcans islandais  produisent des aérosols contenant des acides halogénés (fluor) et acide sulfurique, engendrant des nuisances pouvant être pathogènes pour l'Homme, les animaux et l'agriculture.
.

Image : grains de lave tombé sur mon balcon, sur une lame de microscope."l'un s'est cassé le bout du nez !" Taille 15 à 20 µm Microscope Leitz Wetzlar Obj 40, cliché Dr Gamin

La silice chauffée dans les réacteurs fond et devient du verre qui parfois entraine l'arrêt des moteurs. Je n'irai pas plus loin (que l'avion d'ailleurs) car je suis pédiatre et ce n'est pas mon domaine, mais, en passant et en me rappelant ma vieille chimie...

Respirer des cendres volcaniques, sans compter le soufre, peut poser des problèmes aux personnes souffrant d'affections respiratoires. Leurs surfaces abrasives peuvent causer des irritations de la peau et des muqueuses. L'association des cendres et de l'humidité des poumons peut les transformer en un ciment liquide altérant la respiration. C'est pourquoi il est conseillé  en cas de forte exposition, de respirer à travers un tissu ou un masque. (Il reste les masques de la grippe, merci Madame Bachelot ! Mais il n'y a pas de vaccin !)
                
 Lors d'une pluie de cendres, le ciel parait brumeux ou jaunâtre et une odeur de soufre flotte dans l'air.

Lors de l'éruption du Vésuve de 1906, l'effondrement du toit de l'église de San Giuseppe Vesuviano, causé par la pluie de cendres, a tué les 105 personnes qui s'y étaient réfugiées pour prier.


Que penser pour l'Europe continentale? 

 Image: Ressources naturelles du Canada

Le nuage (Icelandic met Office) et vue par satellite le 17 mai


L'éruption pour le moment semble moins violente que celle de 1773, cependant la vie des volcans se mesure en temps géologique, en siècles ou millénaires. Mais on va continuer à vivre le mieux possible.

Nous sommes assez loin, ce qui diminue considérablement le risque.
Tout dépend de la météo, de la persistance et de l'importance de l'éruption.

Si le vent vient du nord et que le volcan crache :

Ne pas se promener sous la pluie (SO² + H²O = Acide sulfurique = "moyen" pour la santé, même si c'est naturel!)

Éviter la course à pied ou les trop longues marches.
Et, pour nos enfants, on pourra arrêter le fluor cette année.

"Bien sûr, j'espère que cette éruption restera faible, comme la plupart de celles qui ont eu lieu durant ces 500 dernières années dans ce massif ( 3 éruptions importantes), mais en cette période où tout est flou, un peu d'information ne saurait nuire"

Références:
Le Monde daté du 21/4 2010
Wikipédia
Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail
 Pour en savoir plus: Pour la Science N°392 Juin 2010 p 70-76 Michel Detay: l'Eyjafjöll, radiographie d'un volcan qui a du panache.


Bonus:

Activité du volcan Eyjafjöll, le 8 mai 2010. Image: Icelandic Met Office: 




Eyjafjallajökull eruption at noon 8th May 2010. Photo: Gunnar B. Guðmundsson. 



Le 11 mai 2010: La glace est couverte de cendres



 Eyjafjallajökull, and Gígjökull in front, at 10:58 today, 11 May 2010. Photo: Sigurlaug Hjaltadóttir.

Cendres à Seljavellir le 18 mai 2010. cette localité se trouve à  une quinzaine de Km à l'ouest du volcan                          Photo: Ari Tryggvason.                                                                   
                                                  Photo Iceland Met Office
Actuellement (1 juin 2010) l'activité sismique et éruptive du volcan est suspendue, mais rien ne dit que ça va durer.  

Nuage de cendres sur Rekjavik le 4 juin 2010 (Pour ceux qui regrettent de ne pas être allé en Islande)

                                                                                                                  
Photo Iceland Met Office                                                     

le 14 juin 2010  le volcan  est calme durant ces derniers jours, l'activité sismique est arrêtée depuis le 6 mai. Cependant, le vent du sud a soufflé des cendres en direction de la capitale, créant quelques soucis

                                               Photo Iceland Met Office


Dernières minutes: pour le moment, le taux de fluor des Eaux d'Auvergne n'a pas bougé.



 Source:
Marie Laure CLAUZET
Ville de Clermont Ferrand
Direction de l'Eau et de l'Assainissement
Responsable du Laboratoire de Contrôle des Eaux
 que je remercie vivement pour ses réponses rapides, mais il est encore trop tôt pour un avis définitif. Attendons Avril 2011.




Mise à jour: 20 Octobre 2010

mots clé: avion, fluor, soufre, toxiques, volcan, éruption, poumon

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