jeudi 25 février 2010

Le cordon ombilical, le placenta, la maman, le bébé.

Le cordon ombilical: 
"Un canal qui, au départ nourrit l’enfant, puis après la naissance, un lien qui le bride parfois."


Le cordon ombilical est un tuyau qui relie l’enfant au placenta, lui-même relié à la mère. Il est composé de deux artères et d’une veine entourées d’une gaine de protection. On le voit bien sur cette photographie: c'est le trait double entortillé qui part du nombril.

Il semble partir du nombril. En fait il traverse le ventre de l’enfant à ce niveau. Les deux artères sont reliées à l’Aorte via les artères iliaques. La veine ombilicale se dirige vers le foie, rejoint la veine cave inférieure qui va au cœur.
A l’autre extrémité, le cordon est relié au placenta qui assure les échanges avec la mère.



Par le cordon transitent l’oxygène indispensable à la vie ainsi que tous les nutriments, sucres, graisses, acides aminés, calcium, Fer, etc...nécessaires à la fabrication du petit Homme.
C’est le cœur du bébé qui est la pompe : le sang chargé de déchets, de gaz carbonique, est envoyé par les artères ombilicales vers le placenta où il est épuré. Chargé de bonnes choses et d'oxygène, il retourne vers l’enfant par la veine ombilicale.

Le placenta :

Le placenta est un organe temporaire placé entre la mère et l’enfant. Il permet les échanges entre la maman et le fœtus, mais il produit aussi des hormones permettant le bon déroulement de la grossesse.




Les circulations, maternelle et fœtale, sont séparées par une « barrière hémato-placentaire ». On aurait plutôt dû l'appeler « passoire »  car elle ne barre presque rien.
Toute pathologie à ce niveau  - insertion mauvaise du placenta, décollement placentaire, vieillissement prématuré des vaisseaux, nœud, hématome du cordon, artère ombilicale unique en général liée à une obstruction, présence de toxiques chez la maman - peut avoir des conséquences gravissimes parfois en quelques minutes.

Presque tout ce qui est dans le sang de la mère (sauf normalement, les globules rouges, les blancs et les plaquettes) ira dans le sang du cordon, voici quelques exemples simples:
-les éléments indispensables  pour la croissance du bébé mais aussi :
      -la plupart des médicaments,
      -les produits toxiques comme lalcool responsable de troubles sévères du cerveau,
      -les métaux lourds comme le mercure très neurotoxique,
      -les virus comme la rubéole gravissime pour le fœtus de moins de 3 mois, le parvovirus B19 et bien d’autres,
      -le toxoplasme qui va coloniser le cerveau et la rétine du bébé.

Heureusement tout ceci peut être limité par une hygiène de vie prudente :
 -choisir et limiter les médicaments,
 -pas d’alcool,
 -le mercure est peu courant en France. Il s’est vu durant les années 1940-1966 au Japon à Minamata , un village de pécheurs où les mères étaient intoxiquées par des poissons pollués par une industrie rejetant du mercure dans la baie. Et en Irak en 1971-1972, la population avait mangé du pain fait à partir de graines de semences traitées par un pesticide à base de mercure.
 -la rubéole a presque disparu grâce à la vaccination mais il reste une dizaine de cas annuels chez des personnes qui pensent avoir eu la rubéole ( il y a des copies) ou d’autres qui ont « oublié » le vaccin capital.
 -la toxoplasmose est plus sournoise. On minimise les risques en mangeant de la viande très cuite et en évitant la fréquentation des animaux, en particulier le chat et les rongeurs.





De plus, la femme enceinte est en période de tolérance immunitaire ce qui lui permet d'accepter son bébé constitué pour moitié d'une partie étrangère: le père. Elle se défend d'autant moins contre les agents infectieux.

Heureusement la nature est génialement bien faite et tout se passe en général au mieux. Ces pathologies sont rares.

A la naissance :
Le cordon ombilical peut sortir avant l’enfant, c’est ce que l’on appelle la procidence du cordon. Lors des contractions ou du passage de l’enfant, le cordon est comprimé. Le bébé n’est plus oxygéné et il existe un fort risque de souffrance fœtale aiguë. Dans la grande majorité des cas, la césarienne en extrême urgence s'impose. C’est ce risque qui est souvent mis en avant en France pour « médicaliser » les accouchements. Cet argument est exact mais la médicalisation ne génère-t-elle pas des infections plus fréquentes, indépendamment de l’inconfort avancé par les partisans d’une médecine alternative? Rien n’est parfait.

Après la naissance:  ici tout se passe très bien.

Lorsque la maman le souhaite,  le bébé a été posé sur elle et il cherche le sein où il va trouver du colostrum.
La succion favorise la contraction de l'utérus et l'élimination du placenta. On appelle cela "la délivrance" qui indique que le processus de l'accouchement est terminé.
Si la maman ne souhaite pas allaiter, aucun souci (dans les pays riches), il existent d'excellents laits en poudre et la délivrance se fait aussi.


Ce cordon, quand faut-il le clamper? La plupart du temps le cordon est clampé rapidement par une pince posée à 2 centimètres de l’enfant, pour pouvoir utiliser secondairement les artères ou la veine ombilicale en cas de souci.
Certaines équipes préfèrent attendre la fin des battements des artères, arguant que durant ce temps, l’enfant reçoit encore de l’oxygène et que, de plus, cela éviterait les anémies. Les détracteurs indiquent qu’il y a plus de risque d’incompatibilité sanguine par passage de sang maternel chez le fœtus. La situation n’est pas tranchée.




Les soins du cordon :

Le cordon est donc clampé que va-t-il devenir ? Il va sécher assez rapidement et se détacher. On dit qu’il tombe sans doute parce que l'on dit aussi bizarrement « qu’on tombe enceinte ! ».

Quels soins ? Je suis formel :
Éosine® et désinfectant seulement en cas de macération ou odeur douteuse
En cette époque de phobie des microbes, il est devenu habituel d’utiliser seulement un désinfectant, qui ne pique pas. (rappelons ici que l’alcool n’est pas un bon désinfectant et il pique).

Cependant, il est très indispensable d’aider au dessèchement du cordon par l’application quotidienne d’éosine. L'éosine aqueuse (Éosine®) ne doit pas être utilisée comme antiseptique local mais seulement comme traitement d'appoint pour ses propriétés desséchantes des muqueuses.

Anecdote croustillante.

Il était une fois, une maternité toute neuve qui a supprimé l’éosine en disant que c’est un mauvais désinfectant, « ringard ». Les mauvaises langues ont dit qu’ils craignaient les taches dans leurs locaux tout neufs. On a vu aussitôt des retards à la chute du cordon de type « livre des records » : un cordon en place chez un bébé de 47 jours et chez un autre de 55 jours. J’avais lu précédemment (sûrement pas dans le New England...) que le record mondial était 45 jours.  Ces deux nouveaux records n’ont pas été homologués, mais donc, maintenant qu’ils sont sur Internet cela va se savoir. Il s’agit de l’enfant … (aie, je dérape et le secret professionnel… donc vous n’en saurez pas plus)

Quand on voit un cordon humide qui traine, macère et sent mauvais, on peut imaginer le nid à microbes qu’il représente, alors qu’un cordon bien séché par cette bonne « vieille éosine ringarde », reste propre, inodore et tombe en 8 à 10 jours.
NB : Les deux détenteurs de record vont très bien et les cordons sont quand même tombés.
Quand le cordon est tombé, il arrive souvent que le nombril suinte pendant encore une ou deux semaines. Ici encore, une goutte d’éosine assèche tout.

Longtemps, durant plusieurs mois, le nombril parait « sorti » ce qui interroge les mères. C’est normal. Il y a un temps pour tout.

Le cordon psychologique :
Mais lorsque le cordon ombilical est coupé d’un coup de ciseaux, (c’est indolore pour l’enfant), le travail n’est pas fini. On n'est pas couché, avec les "coliques", les "nuits d'enfer" et on se demande quoi pour plus tard! Le temps passe et c'est surtout un vrai plaisir de voir se développer ces "petites créatures".

Mais, il faut préparer la section du cordon psychologique. Il faudra apprendre à l’enfant les règles de la vie en communauté. Ces règles créent des contraintes et semblent contraires au bonheur de l’enfant alors qu'elles vont lui permettre de se structurer et d’être « plus fort ».


 Tachons, si nous le pouvons, d'avoir des enfants épanouis et non pas enfermés ou coincés par une société à laquelle ils n'ont pas été préparés.


"Adolescent" gravure à l'eau-forte de R.Gamin

Mais nous verrons cela une autre fois.

-->
"Le cordon, tuyau tout simple, qui aboutit au nombril, devient ensuite le centre de l’affect et de la force (le Ki oriental)." Ce n’est pas par hasard que les psychanalystes ont tant exploré cette région.

qi   元气 (en chinois, yuánqì) : originel + souffle : le souffle originel à l'origine du monde ;
ki    en japonais : l'esprit, la force,   元気です: je vais bien
mots clés: Cordon, placenta, toxiques, alcool, toxoplasme, bébé, mère, père, immunité


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mercredi 20 janvier 2010

Diarrhée aiguë : Gastro-entérite. Signes, diagnostic, causes, traitement

La diarrhée aiguë ou gastro-entérite plus communément appelée « gastro » est une situation courante et à risque. Dans le monde elle est responsable d’une importante mortalité, particulièrement dans les pays pauvres et dans les zones surpeuplées où de plus les conditions sanitaires sont moins bonnes.
 Elle se définit par une augmentation du volume quotidien des selles, le plus souvent liée à une augmentation des secrétions digestives. Elle doit être distinguée des selles liquides isolées,  le plus souvent dues au « stress », ce qui n’a rien d’anormal, situation qui a donné libre cours à des expressions langagières  du genre «  c’est la m… » qui nous échappent lorsqu’on est contrarié et que la décence m’oblige à ne pas développer ici. Ce n’est pas un cours de linguistique !
L'enfant nourri au sein a des selles liquides et c'est normal.

C'est une insuffisance intestinale aiguë partielle

Signes :

La diarrhée aiguë se traduit par des selles, le plus souvent liquides ou pâteuses. Les vomissements sont inconstants parfois au premier plan lorsque la partie haute de l’intestin est malade. Les douleurs abdominales sont courantes. Elles peuvent être liées à l’irritation des intestins ou à des contractures des muscles abdominaux en cas de vomissements importants. La fièvre est le plus souvent inconstante, rarement au premier plan.

En pratique, on peut classer les situations de plusieurs manières ce qui aide pour évaluer les risques et choisir le traitement :


Les formes  hautes avec surtout des vomissements. La diarrhée est parfois retardée de quelques heures. L’atteinte concerne surtout l’intestin grêle. L’origine est le plus souvent virale.

Les formes basses volontiers fébriles avec peu de vomissements, des selles fréquentes et peu abondantes souvent pâteuses parfois glaireuses, moussantes. L’atteinte concerne surtout le colon. L’origine est parfois bactérienne (salmonelles, yersinia, clostridium D. …) et réalise alors un tableau appelé syndrome dysentérique avec nombreuses selles glaireuses parfois sanglantes, de la fièvre, des douleurs abdominales et des faux besoins. Ce qui rappelle les crises de dysenterie amibienne des « coloniaux ».

Les formes mixtes les plus fréquentes par atteinte prédominante du grêle moyen sont des diarrhées aqueuses parfois très abondantes. L’exemple type est le choléra avec 8 litres de selles par jour, ou le Rotavirus. Ce sont ces formes qui exposent aux déshydratations si redoutées.


Que fait le pédiatre avec tout cela ?


1. Il évalue la gravité de la situation
. Y a-t-il déshydratation ou menace ? On tient compte des ces signes : diarrhée, vomissements, alimentation, fièvre, état de l’enfant, poids, durée d’évolution.

Diarrhée : plus que le nombre de selles c’est le volume qu’on estime. Les diarrhées aqueuses sont plus abondantes.

Vomissements : il faut toujours se méfier d’une autre cause de vomissements; l’appendicite est la plus rare, l’invagination intestinale aiguë est la plus difficile à déceler . Je passe sur les hernies étranglées ou la torsion du testicule, les angines, les méningites et le reste qui sont plus faciles à éliminer du moment qu’on y pense.

Alimentation : L’intolérance alimentaire accroit le risque d’une mauvaise évolution.

Fièvre : La fièvre accroit les pertes d’eau par transpiration, la déshydratation accroit la gravité de la fièvre.

Trio infernal
 : diarrhée + vomissements + fièvre doivent faire envisager une hospitalisation.

Durée d’évolution : Une diarrhée aiguë est par définition brève. Son risque majeur est la déshydratation d’autant plus important que l’installation est brutale. Au-delà de 5 à 7 jours ce n’est plus une diarrhée aiguë et le risque majeur devient la dénutrition . C’est une autre affaire.

Etat de l’enfant : signes de déshydratation : mauvaise mine,  yeux creux, fontanelle déprimée, bouche sèche, persistance du pli cutané, fièvre, perte de poids, mode évolutif ? Certains sont faciles à évaluer d’autres moins :

- la perte de poids
 : cela parait simple mais c’est en pratique rarement déterminant, car on ne dispose pas toujours d’un poids récent et de plus dans les diarrhées très aiguës, l’eau peut se trouver encore dans les intestins et malgré une déshydratation réelle le poids reste un moment stable.


2. Il évalue  le risque de diffusion de l’infection en cas de diarrhée supposée bactérienne :
C’est heureusement une situation peu courante : la diarrhée est le plus souvent bactérienne lorsqu’elle est glaireuse ou sanglante, douloureuse et  fébrile mais rien n’est constant. Les analyses des selles renseignent très peu et leur résultat n’arrive souvent qu’après la guérison. L’âge de l’enfant et la survenue en dehors d’un contexte épidémique hivernal sont des facteurs importants. Le risque de diffusion de l’infection intestinale est maximum avant un an.

Avec quoi peut-on confondre une gastro-entérite ?

Les vomissements se voient aussi dans les angines, les bronchites, les méningites, l’invagination intestinale aiguë (la hantise des pédiatres), l’appendicite, les occlusions et même la torsion du testicule.

La diarrhée pose moins de problèmes. La seule question parfois est: " s’agit-il d’une forme aiguë ou chronique ?"



Causes des gastroentérites aiguës :


En cas d’épidémie ce sont des virus : essentiellement le Rotavirus chez l’enfant.


                                          Rotavirus (comme une petite roue)

Norovirus (Virus de Norwalk) qui entraine beaucoup de vomissements, et des tas d’autres (Echovirus, Parvovirus, Astrovirus ), tous insensibles aux antibiotiques. On ne les recherche pas.

Les formes plus isolées doivent faire envisager une origine bactérienne parfois à l’occasion d’une intoxication alimentaire (salmonelles, shigelles, yersinias,  campylobacter, colibacilles, staphylocoques)
Clostridium Difficile a défrayé la chronique car il s’est répandu dans certains hôpitaux. Il donne des diarrhées essentiellement après la prise d’antibiotiques. Il a également la fâcheuse propriété de pouvoir se développer dans les gouttelettes d’eau dans les sacs des aliments, même au congélateur.

Les parasites sont plus rares. En France, on rencontre parfois Gardia lamblia lors des formes récidivantes.

Complications :
Le principal risque est la déshydratation. Au delà de 5 à 7 % de perte de poids, elle menace la vie, d’où la nécessité d’une grande vigilance de la part des médecins et des parents.

Les autres complications sont plus rares et affaire de cas particuliers.

.

Traitement des gastro-entérites : la gastroentérite étant une insuffisance aiguë partielle, il faut utiliser les capacités restantes, et stimuler les mécanismes d'absorption qui sont le plus souvent intacts.

Réhydrater et nourrir :

Réhydrater : autrefois c’était la bonne vieille soupe de carottes ou l’eau de riz un peu salées,  maintenant ce sont les solutions de réhydratation (SRO) à volonté par petites quantités. Boire ces solutions réhydrate et diminue la diarrhée. Hydrater est l’objectif principal des formes un peu sévères durant les 24 voire 48 premières heures. Les enfants qui vomissent sans arrêt et s’aggravent doivent parfois être réhydratés par perfusion.


Nourrir : c’est indispensable pour permettre la cicatrisation de l’intestin et éviter la malnutrition. Trois pistes :
1. fractionner l’alimentation en petits repas.
2. proposer des aliments faciles à digérer c'est-à-dire très cuits et mixés. Utiliser des yaourts, naturellement pauvres en lactose. Ne pas forcer l’enfant.
Pour les nourrissons qui ont un régime non diversifié, il me semble prudent d’utiliser un lait sans lactose communément  appelé « lait de régime ». Ce point est maintenant discuté mais l’intolérance au lactose n’a pas disparue et elle est parfois importante.
3. Les enfants nourris au sein doivent continuer à être allaités ce qui est le meilleur pour eux.

Les médicaments sont tous discutés et sont au second plan, on peut citer :
Les ferments lactiques et pansements,
Les modificateurs du transits souvent plus dangereux qu’utiles,
Les modificateurs de l’absorption digestive.
L’emploi de ces substances me semble plutôt corrélé au marketing des laboratoires ou aux habitudes de chacun.

 Les solutions de réhydratation (SRO) ne sont pas vraiment des médicaments. Elles sont très utiles.

Les Antibiotiques peu recommandés sauf en cas de risque de diffusion infectieuse chez les petits enfants et les malnutris. Le choix est très délicat et assez hasardeux. On est peu aidé par les analyses car les coprocultures mettent parfois 5 jours à « pousser ».

Tout ceci est du ressort du toubib. On ne peut pas faire cela par téléphone.  Soyez cool avec votre médecin : il fait un métier très difficile nécessitant de l’expérience. 


Le Rôle des Parents :
Il est capital car avec les gastro-entérites il faut être particulièrement vigilant : surveiller, réhydrater, nourrir, se lever la nuit, décider d’emmener l’enfant à l’hôpital si la situation se dégrade. Mais globalement, cela se passe bien. Les parents sont très souvent compétents.


Conclusion :
La diarrhée aiguë est une situation fréquente, jamais banale en raison du risque de déshydratation. Il  faut consulter facilement, ce d’autant plus que l’enfant est plus jeune.




Jan Steel L'enfant malade (1660)
Cet enfant a une petite mine, pâle, les yeux enfoncés. Il a peut-être une déshydratation et mériterait, me semble -t-il,  un détour à l'hôpital. Mais en 1660 ...

La gastro-entérite, si fréquente, est une situation à risque, même si l’hospitalisation reste limitée. Elle impose aux parents de se transformer en « soignants » et faire l’ « hôpital à la maison ».


références: 
Thielman NM, Guerrant RL :
--> Acute Infectious Diarrhea -->N Engl J Med 350:38, January 1, 2004 
M. R. Amiera : Important Bacterial Gastrointestinal Pathogens in Children : A Pathogenesis perspective Pediatr Clin N Am 52 (2005) 749_777
Dupont HL:  Bacterial Diarrhea N Engl J Med 361:1560, October 15, 2009  Glass RI, Parashar UD, Estes MK  Norovirus Gastroenteritis  N Engl J Med 361:1776, October 29, 2009 Review Article 


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vendredi 25 décembre 2009

L'Argentine et la grippe A (H1N1) chez l'enfant


En préparant l’article sur la grippe en Chine, rassurante, je suis arrivé sur cette publication sur la grippe en Argentine assez inquiétante. Cet article n’est pas publié dans la revue mais accessible seulement en ligne, ce qui explique qu’il m’a échappé durant quelques jours, car je ne passe pas ma vie sur le net, Et c’est Noël.

Malgré la trêve de Noël où tout est formidable, je dois vous informer:
Les commentaires du Dr Gamin sont en bleu.
Préambule
Géographie
L’Argentine est un vaste pays (plus de 5 fois la France) s’étendant sur 3700 km du  nord au sud et sur 1400 Km d’est en ouest

                image Wikipedia  sous licence Creative Commons Paternité version 3.0 Unported.

Sa population est de 40 millions d’habitants.


Son économie est dramatique. L'instabilité politique et économique a plongé l'économie argentine dans l'enfer d'une crise sans précédents en 2002. Cette crise a mené plus de 50 % de la population sous le seuil de pauvreté. Des manifestations ont alors été organisées, suivies de pillages de magasins. La crise économique mondiale de 2008 a fait replonger ce pays qui émergeait à peine.

Le système de santé
 :
l’Argentine consacrait en 2005 7 % de son PIB à la santé et aux services sociaux. Pour un pays en ruine c’est déjà bien mais pour un pays si vaste où 15 à 50 % des gens vivent au dessous du seuil de pauvreté, avec deux crises successives qui modifient brutalement le statut des personnes (perte de revenus, de domicile...) cela ne permet peut être pas de tout faire.
 PIB de l'Argentine en 2005 (Source Wikipedia)

"Ceci explique peut être cela "

La Grippe donc :

Entre Mai et Juillet 2009, 251 enfants ont été hospitalisés pour la grippe. Les taux d'hospitalisation ont été le double de ceux de la grippe saisonnière en 2008. Parmi les enfants qui ont été hospitalisés, 47 (19%) ont été admis en unité de soins intensifs, 42 (17%) ont nécessité une ventilation, et 13 (5%) sont décédés. Le taux global de décès était de 1,1 pour 100.000 enfants, comparativement à 0,1 pour 100.000 enfants contre la grippe saisonnière en 2007. (Pas de décès pédiatriques associés à la grippe saisonnière en 2008.) La plupart des décès ont été causés par des hypoxémies réfractaires. Chez les nourrissons de moins de 1 an, le taux de décès est  7,6  pour  100,000.


































Ce graphique montre  en A en bleu, la survenue des grippes selon la semaine, B en vert, la répartition par âge et l'existence d'infections associées plus souvent chez les petits, C en orange, la sévérité selon l'âge (Death = mort, ICU =  Intensive Care Unit ou service de réanimation, Ward = hospitalisation classique). Le graphe D montre que les petits sont sur-représentés. Le graphe E indique l'âge des enfants décédés.  Il n'est pas totalement cohérent avec le tableau qui suit.




















Deux petits tableaux donc (cliquez sur eux pour agrandir) tirés de l'article étudié, même en anglais, valent mieux qu'un long discours.
Rassurez vous, l'anglais médical est presque aussi simple que le français médical, qui n'est pas forcément facile je vous le concède (Mais pas pire que le jargon des juristes). La preuve, c'est que j'ai fait "allemand et russe", ce qui n'est guère utile en médecine, puis anglais, dès le début de mes études de médecine pour le" fun" mais c'est resté laborieux, aussi pour moi. Alors j'ai appris un peu de japonais que je trouve beaucoup plus difficile que l'anglais à lire et écrire surtout. Mais je m'égare, reprenons.


Le second tableau montre:
13 décès au total , survenus chez des enfants  de moins de 15 ans  dont 9 étaient porteurs de maladies déjà très sévère.
avec10 décès de petits enfants de moins de 3 ans dont 4 n’avaient pas de facteurs de risque (âge : 1 mois, 10 mois, 2,2 et 2,5 ans). Les autres étaient déjà gravement malades.


Quelles leçons pour  nous en hémisphère nord?

Des études publiées dont je dispose, il ressort que :
Les petits enfants de moins de 2 ans sont plus à risque d’avoir la grippe  
Les facteurs de risque déjà décrits sont les mêmes
La gravité semble moindre dans les pays riches (comme souvent)

Et la vaccination ?
On dispose d’un vaccin sans adjuvant pour les petits enfants, il faut donc vacciner les petits enfants, surtout s’ils ont un facteur de risque
Faut-il abaisser l’âge de la vaccination pour les petits nourrissons de moins de 6 mois à risque ? Je ne sais pas si le vaccin est efficace, mais nos savants le savent sûrement.
Il faut aider les pays pauvres, car la grippe est plus dangereuse quand la situation préexistante est mauvaise.

Conclusion :
La grippe est plus sévère chez les petits enfants. En Argentine, elle a tué.
Vaccinons les enfants de 6 mois à 2 ans surtout s’ils sont à risque .

Voir aussi:
"la grippe dans le monde"
"La grippe en Chine"

La médecine n’est pas toujours drôle mais ce n’est pas sa vocation. Nous sommes là pour soigner les gens et leur permettre de vivre dans les conditions de santé les meilleures.


                          le Fritz Roy dans les Andes (Photo Wikipedia)

" C’est la trêve, joyeux Noël, bonne année 2010 à tous et merci de me lire "


Référence :
Romina Libster, MD, Pediatric Hospitalizations Associated with 2009 Pandemic Influenza A (H1N1) in Argentina  N Eng J Med 361;26  December 24, 2009 : publié sur le site de NEJM

Mots clés: Argentina, vaccin, Grippe, influenza, enfant, nourrisson, A(H1N1), gravité

jeudi 24 décembre 2009

La Chine et la Grippe A(H1N1)







La Chine est un grand pays,  la Chine fait tout en grand. La Grande Muraille mesure 6700 km, 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur.( Photo Wikipédia)




 Tout y est grand, sauf la grippe, une petite et les chinois publient des choses fort intéressantes.

Je vous ferais un tout petit article relatant leur grande expérience. Les commentaires du Dr Gamin sont en bleu





L’article passe en revue les signes cliniques de la Grippe 2009.  de juin à Août 2009
61 hôpitaux de 20 provinces ont participé à cette étude.

Voici une petite carte de ces provinces pour vous rappeler votre bonne géographie:




Image tirée de l'article étudié













Qui a la grippe ?
Pour détecter les sujets fébriles, les chinois ont installé des scanners thermiques dans  tous les ports et les aéroports permettant d’entrer en Chine.
Fin août,
56 millions de voyageurs ont été contrôlés et 17 909 présentant un syndrome fébrile et respiratoire ou les sujets très proches ont eu une recherche du virus A(H1N1) par PCR.

4,3 % des personnes présentant des signes de grippe ou leurs contacts soit  747 personnes, ont été positives .
Quand on entend partout en France dire que 100 % des gens qui ont de la fièvre et toussent ont la « grippe A, on ne peut qu’être étonné de cette différence. Soit les chinois sont mauvais, mais tout de même, ils publient leurs travaux dans une revue prestigieuse, soit les français sont « trop bons » mais pourquoi ne publient-ils pas ?

426 personnes ont été étudiées de manière très précise. Les symptômes sont les mêmes qu’ailleurs (fièvre, toux, fatigue, d'apparition rapide)

L’évolution est favorable avec très peu de complications.
L’incubation est de 2 jours et la guérison, contrôlée de surcroit par la disparition du virus nasal, est obtenue en 6 jours.
La prescription précoce de « Tamiflu » raccourcit un peu la durée d’évolution mais les médecins chinois sont sceptiques sur le bien fondé de son emploi compte tenu du risque d'émergence de résistances, de la faible efficacité, du caractère bénin de cette grippe, et du prix. 6 réactions indésirables bénignes ont été constatées.Voilà qui devrait tranquilliser  nos décideurs et les réconcilier avec les médecins généralistes et les pédiatres qui pensent plutôt comme les chinois (et hop O/15 !)


Conclusion : Grande chine et petite grippe.

 voir aussi:
"La grippe dans le monde"
"la grippe en Argentine"

Il se confirme que :

"Toux n’est pas grippe et grippe n’est pas tout"

Référence :
B Cao et Coll : Clinical Features of the Initial Cases of 2009 Pandemic Influensa A 5H1N1) Virus in china,  New England Journal of Medecine 351 ; 26, 24 dec 2009, p 2507-2517

 mots clés: Chine, 中国, grippe, 瓷器感,  A(H1N1), influenza, signes, Tamiflu,

dimanche 6 décembre 2009

La grippe dans le monde (Auvergne, France, Australie, Nouvelle Zélande, USA, Chine, Argentine)

En septembre 2009, l’OMS a recensé  dans le monde  277 607 cas de grippes confirmés avec 3205 morts soit 1,03 % (on est loin des 30 000 morts français de 1968 et des 3 millions actuels de malades français)

"The New England Journal of Medecine" du 12 Novembre 2009  nous livre plusieurs articles sur la grippe A 2009 : les commentaires du Dr gamin sont en bleu.

Accrochez vous ce n'est pas bien gai  et c'est plein de chiffres,  mais je simplifie au  maximum, les deux articles nous concernant:




Ces deux articles pointent les mêmes facteurs de risques :


Obésité importante avec IMC ( = Poids/taille²)  > 35, ce qui correspond à plus de 90 K pour 1m60, ou 113 K pour 1m80   qui concerne  29 % des patients hospitalisés.
Diabète qui concerne  16 % des patients hospitalisés.
Asthme sévère ou  pneumopathie chronique qui concerne  33 % des patients hospitalisés.
Insuffisance cardiaque  qui concerne  10 % des patients hospitalisés.
Certains cumulaient:  28 % des patients hospitalisés avaient plusieurs facteurs de risques.
32 % des patients hospitalisés étaient en bonne santé auparavant.


Situation américaine (1). La période étudiée va du 1 mai au 9 juin 2009

13217 cas d’infections et 1082 hospitalisations de grippe A H1N1, sont  recensés durant cette période un peu courte. "A la louche", on doit pouvoir estimer le nombre de cas au double ou au triple ce qui reste très faible pour un tel pays, soit 40000 grippes et 304 morts. 
272 (un quart) patients ont été étudiés ici :

67/ des 272 hospitalisés étudiés, ont été admis en unités de soins intensifs (USI).  19 sont morts.
Parmi ces 272 hospitalisés, 18 femmes enceintes dont 4 avec asthme, 2 diabétiques. 6 ont été admises en USI, 2 sont mortes, mais il n’y a pas de précision sur les facteurs de risques surajoutés pour ces deux personnes.


Situation en Australie et Nouvelle Zélande : (1)


Cet article est très intéressant car il recense tous les types de grippes  ( A H1N1 2009 , sans précision, A saisonnière HIN1 ou H3N2) admis en USI durant la période du 1 Juin au 31 Août (l’hiver là bas) ce qui correspond à pratiquement toute la période de la grippe : 856 cas  répartis ainsi
Grippe A H1N1                                              722 cas   DC 14,3 %
Grippe sans précision                                    97 cas    DC 13,4 %
Grippe saisonnière H1N1 ou H3N2            37 cas  DC 16,2 %

La sévérité est la même dans quelque soit le virus. La grippe A 2009 n’est pas plus méchante que les autres.

Les femmes enceintes sont au nombre de 66 soit 9 fois plus que le chiffre attendu compte tenu de la fréquence des grossesses dans la population. L’article indique que cette sensibilité des femmes enceintes n’est pas spécifique à ce virus, mais existait déjà lors des précédentes épidémies. Il ne dit pas l’évolution des femmes enceintes.

En Chine (Mise à jour du 25 déc 2009)
Un si vaste pays avec une petite grippe gentille
En Argentine (Mise à jour du 25 déc 2009)
La grippe a été plus sévère surtout chez l'enfant à risque. Cela encourage à vacciner les enfants de moins de 2 ans. Cliquez sur le lien pour plus de détail.

En France : (2-3)

Les chiffres publiés  (décembre 2009) sont assez curieux :
2,76 millions de cas (mais que met-on ici ? Ce sont des calculs fais par de brillants mathématiciens à partir de la fréquentation des cabinets médicaux, Quand je vois la variété des malades à mon cabinet et mes propres difficultés diagnostiques, je suis rêveur; mais pour les statisticiens qui ne voient pas les malades, la situation est peut être plus simple. Et moi avec mes questions idiotes, peut être suis-je un peu simplet ?) avec 86 morts soit 1 pour 30 000 cas . Ces chiffres n’ont rien de comparable avec la situation américaine. La comparaison avec l’Australie est délicate également  puisqu’on ne possède que les chiffres des cas graves hospitalisés en USI.


En Auvergne : à la date du 4 décembre 2009 (4)

Une alerte grave chez une enfant, avec hospitalisation en unité de soins intensifs d'une petite fille de 9 ans en syndrome de détresse respiratoire aiguë, d’évolution heureusement favorable, mais aucun mort en pédiatrie.




Dans trois mois, ce sera sans doute terminé:

Si on accepte l’idée que ce qui s’est passé dans l’hémisphère sud, puisse nous arriver, on peut dire que  l’épidémie durera 3 mois avec un pic à la 6ème  et 7ème semaines soit fin décembre à mi janvier, et s’éteindra.
On pourra alors revenir à la vache folle, la grippe aviaire car les oiseaux migrateurs vont revenir, et peut-être à des sujets de sociétés plus variés comme la politique de santé, la recherche, la lutte contre la pauvreté, l'eau, et le reste. « On n’est pas couché »


" Toux n’est pas grippe, grippe n'est pas tout ! "

Références

1. New England Journal of Medecine  Vol 361 N° 20 du 12 Novembre 2009 (4 articles sur la grippe)
2. « Le monde » daté du 30 novembre 2009
3. « Le monde » daté du 2 décembre 2009
4. "USI Pédiatrie Clermont-Ferrand", Centre de référence pour l'Auvergne (communication personnelle)

Mots clés: A(H1N1),Enfant, Grippe, grossesse, pandémie, réanimation, USI, USA, Argentine,Australie,  New Zeland, France, Auvergne,

Mise à jour: le  25 Déc 2009

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jeudi 3 décembre 2009

Grippe A(H1N1): Panique au " Vaccin Palace" : « le grand n’importe quoi. »


Rien ne va plus pour la vaccination de la grippe A 2009
.
Les français ne sont pas si dociles. Comme ils rechignaient, on leur a fait peur en ne parlant que de cas graves et de morts. Du coup, ils se ruent dans les centres de vaccination qui sont débordés. La police a dû intervenir. Les directives changent tous les jours. Le vaccin sans adjuvant plébiscité par les français était accordé jusqu’à 9 ans hier, aujourd'hui 2 ans, et demain ? car les stocks sont limités.
Pour accélérer la campagne, on continue à négliger les généralistes et les pédiatres, mais on a recours à l’Armée.
L’objectif est de vacciner 250 000  personnes par jour.

Faisons un rapide calcul :
Avec 60 millions de français, il faut 240 jours soit 8 mois, en travaillant samedi, dimanche, jours fériés, Noël et jour de l’An,  et avec une seule dose. On aura donc fini l’été prochain. En comptant un effet secondaire préoccupant pour 100 000 vaccins cela fait 600 complications.

Si on ne vaccine que les 6 millions de sujets à risques (grands obèses, insuffisants cardiaques, respiratoires déficits immunitaires et quelques autres au fur et à mesure de nos connaissances), au rythme prévu ils seraient protégés dans 24 jours avec un risque de 60 complications.
Mais qui connaît les personnes à risques ? La CPAM  n’a pas accès aux diagnostics, elle ne connaît que les prescriptions et les maladies prises en charge à 100% . Son estimation est forcément approximative. Quant à l’Armée, si brillante soit-elle, elle n’est pas connue pour ses exploits en médecine préventive, cela se saurait !
Il faut donc impérativement faire appel aux médecins généralistes  et aux pédiatres qui savent tout cela et qui de plus sont préférés par les patients. "Pourquoi continuer à ramer quand on attaque la falaise ?"

Où en est la grippe dans le monde ?

Aux USA, petite flambée en mai et juin avec cependant 40 000 cas  et environ 400 morts en extrapolant les cas publiés dans le NEJM. (1), ce qui est un peu hasardeux je vous l’accorde. Cela continue mais se ralentit. (2)

En Australie : épidémie en juin, juillet, août,  avec 67 morts dont 86 % étaient porteurs de facteurs de risques. (1)

En France : on estime le nombre de cas à 2,76 millions avec 86 morts. (3) C'est si peu que cela surprend.
 Ces estimations de 2,76 millions de cas sont sujettes à caution car il existe en fait toutes sortes de pathologies.

En pédiatrie à mon cabinet je vois toute la journée des enfants qui ont :
- de la fièvre à 39° sans toux ni abattement avec examen normal : donc pas de grippe,
- de la fièvre à 39° avec angine blanche (virale) :  donc pas de grippe,
- de la fièvre avec fatigue et guérison  "miraculeuse" en 1 à 2 jours : donc pas de grippe,
- de la fièvre avec le nez qui coule, en crèche ou à l’école : rhinopharyngite = donc pas de grippe.
-de la fièvre avec une affreuse angine pouvant nécessiter des antibiotiques et parfois des vomissements.
Je ne vous cite pas tous ceux qui toussent sans fièvre, les gastro-entérites, les otites et compagnie...
Je n'ai quasiment jamais prescrit d’antibiotiques, une fois du Tamiflu* pour un enfant de 8 ans qui était vraiment mal (avec guérison "miraculeuse" le lendemain ! et le Tamiflu* a été arrêté) et aucune hospitalisation.

J’ai l’impression d’avoir vu moins de 10  "grippes" durant ces dernières semaines alors qu’en janvier 2009, j’en avais vu pas loin de 200 en une semaine, (grippes et mois de l'année 2005 à Avril 2009) dans l'article de septembre.

J’ajoute que pour un diagnostic de certitude, il faut se faire prélever à l’hôpital et que cela coûte entre 200 et 300 € non remboursés, donc aucun volontaire pour  "servir la science"!
"l'esprit civique se perd" ! mais l'enfant guérit tout de même, alors...

J’observe cependant qu’on peut fermer des classes, voire toute l’école, quand il y a 3 enrhumés ou 4 tousseurs..."prudence est mère de sûreté"

Que devrait-il arriver ?

 En Australie : cela s'est passé ainsi: (1)

 





image "NEJM" du 12/11 /2009 p.1931





 l’épidémie a commencé début juin, le pic en juillet et la fin en août.

En France actuellement, (2)





image "Le Monde" du 30 /11/2009




Il est difficile de savoir où en est l'épidémie. De l’expérience de mon cabinet et de l'histoire australienne, je retiens le sentiment qu’on est plutôt au début et que le pic devrait arriver fin décembre et mi- janvier. Mais je ne lis pas (hélas) dans le marc de café et je ne manie pas aisément le pendule. Dommage.

Conclusion :

Comme disent les sportifs, « il faut revenir aux fondamentaux »
On s’est trompé et on n’y arrivera pas. C’est mathématique. L’Armée et les étudiants n’y changeront rien.
"Le navire tangue dans la tempête, réduisons la voilure et redressons le cap"..
Ils faut vacciner les personnes à risques qui le souhaitent, leurs médecins les connaissent. Profitons de leur savoir.
Arrêtons d’affoler les gens en bonne santé. Qu’ils se vaccinent tranquillement s’ils le désirent.

"86 Morts pour 2 ,76 millions de cas c’est triste mais c’est très peu (1 pour 30 000), sans doute moins que les accidents de la route dans le même temps."


Références :
1. New England Journal of Medecine  Vol 361 N° 20 du 12 Novembre 2009 (4 articles sur la grippe)
2. « Le monde » daté du 30 novembre 2009
3. « Le monde » daté du 2 décembre 2009

Mots clés:  A(H1N1), enfant, grippe, pandémie, panique, risque, vaccin, généraliste, pédiatre

lundi 23 novembre 2009

Allo Docteur, je viens de recevoir le papier. Faut -il faire vacciner mon enfant contre la grippe A ?

 Actuellement,  "sécu",  télévision et radio aidant, je suis inondé de coups de fil : "juste un petit renseignement"

la grippe A actuelle n'est pas  si courante. Elle n'est ni plus, ni moins méchante que la grippe habituelle selon le New England Journal of Medecine du 12 Nov 2009 . Les complications sont rares et concernent  surtout les porteurs de maladies chroniques très sévères.
Ce qui est en cause ce n'est pas le vaccin mais la politique de l'OMS , de notre pays et le manque de transparence, arnaque, magouille et corruption .

Enfant ou adulte? peu de différence


Il est cohérent de vous vacciner si vous remplissez une des conditions suivantes:

Avoir de 6 mois à 3 ans (et avec un facteur de risque, on ne traine pas) voir la grippe  en Argentine
Avoir une maladie sévère du cœur ou du poumon, un diabète (votre médecin le sait et vous aussi).
Avoir une immunité faible (déficit immunitaire, corticothérapie orale au long cours, chimiothérapie ?).
Obésité importante (grand facteur de risque aux USA et en Australie)

Il est moins cohérent de vous vacciner si vous remplissez  une ou plusieurs des conditions suivantes:


Jamais vacciné contre la grippe saisonnière les années précédentes. Ce n'est pas votre truc
Vaccination  l'hépatite B non souhaitée, pourtant plus dangereuse que la grippe A,
Vous fumez: vous aimez le risque car le tabac tue beaucoup plus que tout le reste.
Vous conduisez vite et évitez les transports en commun (Levez le pied,  la route tue beaucoup).
Vous n'êtes pas inquiet à cause de cette grippe. (avec tout ce qu'on raconte, on aurait pourtant de quoi l'être ! )
Pas envie de ce vaccin. (Tant mieux ! ça tombe bien, C'est "Panique à Vaccin Palace", il y a trop de candidats. Où sont les vaccins?)
Vous êtes enceinte ?: le texte est fait: ce fût très difficile  car c'est très complexe, . Cliquez là.

"De toute façon vous êtes libres. Ce vaccin n'est pas obligatoire, sans doute pas dangereux, au pire inutile, et dites vous que quoique vous fassiez, vous auriez pu faire le contraire."

"Et si vous fumez (en voiture surtout !!), il est plus efficace d'arrêter le tabac , pour vivre bien et longtemps,  que de se faire vacciner contre la Grippe A !"

Si vous pensez avoir un facteur de risque et que vous ne savez pas quoi faire, consultez votre médecin. Par téléphone, le médecin ne peut s'en tenir qu'à des généralités. La médecine est déjà difficile quand on a les gens en face de soi, par téléphone, elle devient hasardeuse. Évitez

 Ce sujet très sensible peut être mis à jour à tout moment en fonction de l'évolution des connaissances


Le 25 juillet 2011:( Le Monde du 24 et 25 juillet 2011) et bulletin AFP du 18/8/2010
Des cas anormaux de narcolepsie (tomber brutalement sommeil) ont été observés en Finlande, Suède, France (23 cas), Norvège chez des enfants ou adolescents vacciné par le vaccin Pandemrix de GSK et en France 2 avec le Panenza. La relation avec le vaccin est  établie.

L'Agence européenne du médicament recommande de ne pas utiliser le Pandemrix chez les sujets de moins de 20 ans.


La vaccination antigrippale  H1N1reste recommandée ! Compte tenu de sa bénignité, on ne comprend pas pourquoi. Chacun fera selon son désir.


Autres reférences:

Agence france presse  du 18/8/2010
Six cas de narcolepsie après vaccination contre la grippe A (H1N1) "Le monde" du 28 /8/2010
même sujet: "Le monde du 1/2/2011"

Dernière mise à jour le 29 Juillet 2011.

dimanche 22 novembre 2009

Grossesse et vaccin Grippe A H1N1 que faire?

Nous abordons là un sujet extrêmement sensible et complexe. Sensible car il s'agit d'un bébé à venir, Complexe car le statut immunologique d'une femme enceinte est  encore très mystérieux.
Que vient faire un pédiatre dans cette affaire?
Le gynécologue, qui voit les femmes enceintes, n'est-il pas mieux placé?
Non, le gynécologue suit votre grossesse et tente de vous accoucher du bébé le plus merveilleux, mais l'immunologie n'est pas sa tasse de thé.
L'immunologiste ? Oui il est très fort, mais comment le rencontrerez-vous?
Le pédiatre est au carrefour, entre la mère, le père, l'enfant. Il peut donc se faufiler pour vous aider.
En tout cas j'essaye, à la mesure de mes  moyens et de mes connaissances.

Quel est le statut d'une femme enceinte d'un point de vue immunologique ?
Une femme enceinte a reçu du père un spermatozoïde qui, combiné à un ovule, a donné un "œuf" qui se transformera en un adorable nourrisson. La mère accueille donc ce fœtus, futur nourrisson. Ceci est assimilable à une greffe.
Quand on fait une greffe de peau, si le donneur n'est pas compatible, celle ci est rejetée en 8 à 10 jours. Hors le bébé est toléré 9 mois. A 9 mois, il semble "rejeté" et l'accouchement a lieu.
La grossesse s'est faite grâce à un phénomène de tolérance immunitaire durant lequel les mécanismes de rejets de greffes sont mis en sommeil.
 En même temps que le bébé est toléré, beaucoup d'autres "choses" sont tolérés: le toxoplasme transmis pas les viandes mal cuites, le candida albicans qui donne des mycoses, le streptocoque B et d'autres.
La femme enceinte ne rejette plus ce qui lui est étranger.

C’est aussi pourquoi elle réagit peu aux vaccins. On ne sait guère quelle efficacité ont les vaccins. Même si depuis une dizaine d’années, on prône la vaccinations des femmes enceintes, on reste assez ignorants de leurs effets et 10 ans, c'est très court.


Quelle efficacité pour les vaccins chez la femme enceinte ?
A ma connaissance, il n'existe aucune étude sérieuse sur l'efficacité des vaccins dans cette situation; En effet il est éthiquement impossible de recruter des femmes enceintes pour étudier l'effet d'une injection de vaccin.  Bien sûr, dans la série ""soyons modernes", certains vaccinent les femmes enceintes pour deux raisons apparemment louables, les protéger et protéger ensuite leur bébé. Mais ceci est tout récent. Combien de fois n’a-t-on pas vu des essais merveilleux, brutalement interrompus ? En temps que pédiatre, je considère que sauf exception liée à une situation individuelle particulièrement grave, il faut environ 20 ans de recul pour accepter un traitement nouveau pour un produit concernant un sujet en croissance, corporelle mais aussi cérébrale. Pour les vaccins chez la femme enceinte, on s'est surtout limité à étudier les cas où par erreur un vaccin a été injecté, et la seule question qui retient alors l'attention est : comment va le bébé?
 Le lobbying forcené des systèmes de santé privés, laboratoires et assurances aux USA -sans doute en Europe, mais on en parle moins - n’augmente guère notre tranquillité.( Cf référence article du Monde)
La seule publication que j’ai pu trouver sur dans la base de données du NEJM (voir plus loin) concerne une étude limitée faite au Bangladesh en 2008 (pourquoi le Bangladesh alors que tout aurait été si simple aux USA ? sans doute parce que ce pays possède une infrastructure médicale exceptionnelle de même que son système juridique, ce qui rendait tout plus aisé).   340 femmes enceintes ont été vaccinées, avec une réduction des grippes chez les mères (Cependant pour avoir fait moi-même des recherches sur des petites séries chez des parisiens faciles à suivre, je me demande comment on peut  surveiller efficacement 340 femmes dans un pays aussi démuni que le Bangladesh.)  De plus c'était un vaccin Glaxo, donc une étude financée par ce laboratoire.On peut donc éliminer cette étude hautement suspecte. Serais-je mauvaise langue voire grognon en ce moment? Non c'est impossible j'ai si bon caractère!

On peut penser que chez les femmes enceintes le vaccin est moins efficace. De plus quand il s'agit d'un nouveau vaccin, personne ne sait rien.

Quelle toxicité des vaccins pour la maman et pour le bébé ?
Dans la plupart des cas, il n'y a pas de souci,  (rappelons que la fréquence du syndrome de Guillain Barré lors de la vaccination antigrippale américaine de 1976 était de 1 pour 56 000 vaccins). Mais les statistiques ne comptent guère si c'est votre bébé, d'autant qu'il n'y a aucune grande série. Va-t-on essayer en disant "Banco"? Voulez vous prendre un risque alors que vous ne savez  pas si le vaccin vous protégera?

Résumé :
Les femmes enceintes sont un peu plus à risque mais pas plus que pour les autres grippes et ce qu’on leur propose n’est pas évalué pour une entreprise à large échelle. Je ne peux pas choisir pour vous car il n’y a pas de bonne réponse.
Si vous ne savez pas quoi faire, donnez vous 15 jours. Dans 15 jours on connaitra déjà un peu les effets indésirables.

Références : 


Effectiveness of Maternal Influenza Immunization in Mothers and Infants. New England Journal of Medecine (NJEM) 359 :1555-1564 October 9 2008 Number 15 (cette étude menée au Bangladesh utilise un vaccin antigrippal Glaxo un hasard sans doute)  (NB: l'accès de l'article complet est réservé aux abonnés)

New England Journal of Medecine  Vol 361 N° 20 du 12 Novembre 2009 (4 articles sur la grippe)

A STEP HEHEAD, Infant Protection Through Maternal Immunization.  Pediatric Clinic’s of North America 47 N° 2 April 2000 449-463
 Ce Lobby ne désarmera pas. Interview de Wendel Porter Ex directeur de la communication d’un géant américain de l’assurance santé « Le Monde » daté du Mardi 24 novembre 2009 (NB l'accès de l'article complet est réservé aux abonnés)



"Faut il vacciner les femmes enceintes? Je pense que personne ne peut répondre à cette question. La mère décidera elle même en dernier ressort. Un joueur de Poker doit savoir, mais que sait-il de l'immunologie, du développement des fœtus et de l'affectivité des futures mères? "

Article susceptible d'être modifié.
Dernière modification notable le 26 Novembre 2006
Le prochain sujet parlera de la grippe aux USA et en Australie et Nouvelle Zélande en France, en Auvergne, car le  NEJM (toujours lui) du 12 Novembre a publié une synthèse pour ces deux pays. J'ai d'ailleurs utilisé les données concernant les femmes enceintes pour forger mon opinion. Laissez moi un peu de temps , c'est en anglais, très technique bourré de pourcentage, et j'ai aussi mes petits patients géniaux  à voir en consultation et de la gravure en taille douce et la vie tout court! Bonne journée!

jeudi 5 novembre 2009

L’absorption digestive de l’eau : physiologie intestinale appliquée au traitement des gastro-entérites

Le tube digestif humain est une machinerie très complexe dont le but est de permettre la digestion et l’absorption des aliments que nous mangeons. Il débute par la bouche avec les dents qui broient les aliments pour les rendre plus digestes. Puis les aliments passent dans l’estomac où ils sont soumis à une attaque acide et enzymatique (de même que les enzymes gloutons des lessives détruisent les taches rebelles, nos enzymes fragmentent les aliments en petits morceaux), puis ils passent dans l’intestin grêle appelé ainsi car il n’est pas gros mais mesure 7 à 8 mètres de long. Cette partie de l’intestin est capitale car c’est là que se passe l’absorption de presque tout, eau, sels minéraux, protéines, sucres, graisses. Dans cet article, nous n’étudieront que l’absorption de l’eau.

Pour indiquer les quantités nous prendrons comme référence un adulte de surface corporelle= 1.73 m² et un nourrisson de 1 an (10 kilos) dont la surface corporelle est de 0,5 m². Les débits sont en effet proportionnels à la surface de la peau et non au poids.


D’où vient l’eau absorbée par notre intestin?

L’eau alimentaire que nous buvons et celle qui est contenue dans les aliments ne représente que 2 à 3 litres pour un adulte et un litre pour un nourrisson de 10 kilos. Contrairement à ce qu’on peut imaginer l’eau  que notre intestin absorbe soit  9 à 10 litres par jour pour un adulte et 2,5 à 3 litres pour un nourrisson vient essentiellement de notre corps . Elle tourne en boucle surtout lors des repas. C'est le cycle entéro-systémique de l'eau!






















Liquides (litres)              adulte                Enfant de 1 an     
apports alimentaires             2 à 3                          1     
Secrétions  digestives             
estomac                                    1,5                            0,5     
Foie                                           0,5                              0,2     
Pancréas                                 1 à 1,5                      0,4 à 0,7     
Intestin grêle                              3                               0,5    
proximal              
Total                                      9 à 10                        2,5 à 3


On voit ainsi que chez l’enfant, la circulation de l’eau est beaucoup plus importante, puisque le tiers de son poids en eau sera sécrétée puis aussitôt réabsorbée au cours des 24 heures. On comprend aisément que toute perturbation des apports (manque d’eau, vomissements) ou des pertes (vomissement, diarrhée, coup de chaleur) puissent aboutir rapidement à une situation critique. C’est pourquoi la diarrhée du nourrisson est à juste titre une situation à haut risque, même si par bonheur, les choses évoluent souvent bien.

Où va l’eau ?

L’eau que nous buvons ou qui est contenue dans les aliments (le lait et ses dérivés sont essentiellement composés d’eau) séjourne dans l’estomac. Elle est modifiée pour avoir une composition assez proche du plasma qui compose notre sang. C’est pourquoi « l’eau pure » reste plus longtemps dans l’estomac. Elle se mélange aux différentes sécrétions et passe par petites quantités dans l’intestin grêle.
C’est l’intestin grêle qui est chargé de l’absorption de 90 % de l’eau qu’il reçoit.
C'est ici qu'ont lieu les processus d'absorption. La structure de l'intestin grêle est faite de cryptes et de villosités, permettant l'augmentation de la surface d'échange entre le bol alimentaire et le tissu. Les cellules spécialisées dans l'absorption des nutriments sont les entérocytes qui présentent à leur surface des micro-villosités qui, comme les villosités du tissu, ont pour rôle d'augmenter la surface d'échange. Ainsi, on considère que l'intestin humain a une surface de contact avec le bol alimentaire équivalente à la surface de deux terrains de tennis (400 m2).



                Bordure en brosse au microscope électronique et à balayage; c'est cette structure cellulaire ainsi que la présence de villosités du tissu intestinal qui permet d'augmenter la surface d'échanges

 

Comment se passe la réabsorption de l’eau ?

Il existe un mécanisme extrêmement efficace et pratiquement toujours fonctionnel : Le couplage entre l’absorption de l’eau, du sel et du glucose. C’est l’entérocyte,  cellule digestive spécialisée dans l’absorption qui est chargé de ce travail.

bordure en brosse











Le glucose (G) est le sucre du raisin. Il est abondant dans le sucre de table (G+ Fructose) , ainsi que dans l'amidon dont il est le composant (G+G+G)... L'amidon se trouve dans le blé (les pâtes), le riz, la pomme de terre, etc...
Na est le sodium qui se trouve dans le sel de cuisine (NaCl).
L'eau se trouve partout, au robinet, dans le lait, les fruits, et tous les aliments

Le co-transport glucose-sodium-eau :
L’eau arrive dans l’intestin du côté de la lumière (lumen). Elle est accompagnée de glucose et de sodium. Au niveau des micro-villosités de la bordure en brosse se trouvent des transporteurs "actifs"spécifiques du glucose et du sodium (en rouge). Ces transporteurs consomment de l’énergie. Le sodium est envoyé, avec de l’eau dans les capillaires puis dans tout notre corps grâce à « la pompe à sodium » située de l’autre côté de la cellule (en vert) ,  sur la membrane baso-latérale. Cette réaction produit l’énergie nécessaire.

Ce mécanisme reste pratiquement toujours en vigueur et pleinement efficace. C’est lui qu’il faut s’efforcer de stimuler en cas de diarrhée aiguë. C’est pourquoi on utilise des solutions de ré-hydratations que l’on donne souvent et de manière fractionnée pour ne pas dépasser les capacités de l’intestin malade. Ces solutions ont été initialement mises au point pour le traitement du choléra qui est un modèle de diarrhée sécrétoire.






















Vibrion cholérique: c'est une bactérie flagellée qui se déplace dans les eaux contaminées
Cliché Université de Bordeaux

La Toxine du bacille cholérique stimule les mécanismes de sécrétion. Elle entraine des diarrhées profuses de 5 à 8 litres par jour et survient dans des pays où l’infra structure ne permet pas les perfusions. De plus, les perfusions tentaient de compenser les pertes mais la diarrhée restait identique. En donnant simplement à boire un mélange d’eau, de sucre et de sel, on a eu la surprise de voir que « ceux qui buvaient avaient des selles moins abondantes que ceux qui ne buvaient pas » et guérissaient plus vite. On avait stimulé les mécanismes d'absorption.

Implications de ces connaissances sur le traitement des gastro-entérites:

Il faut donc stimuler les mécanismes d'absorption, qui sont le plus souvent intacts: deux principes que nous développerons dans un autre chapitre: réhydrater et nourrir. Puisque nous en sommes à l'eau, voyons le côté ré-hydratation: à volonté, fractionné, souvent.


Autrefois, on utilisait, sous forme de soupe, la carotte qui contient jusqu’à 4,5 % de sucre. Ce qui était remarquablement intelligent. La soupe de carotte se fait avec 500 g de carottes pour un litre d’eau, ce qui abouti à une solution contenant 1 gr de sucre par litre comme notre plasma et  un peu de sel. De plus, la carotte apporte des fibres qui chélatent les sels biliaires et diminuent leur pouvoir d’irritation sur le côlon qui ne les apprécie pas du tout. . L’eau de riz légèrement salée, part du même principe puisque le riz est fait essentiellement d’amidon qui est transformé en glucose. Nos grand mères étaient vraiment très fortes !
Les solutions de ré-hydratations orales (SRO) ont balayé la carotte. On pourrait presque le regretter mais "c'est le progrès"!

Que devient le reste de l’eau qui n’est pas absorbée par l’intestin grêle ?
Bonne question j’allais oublier !
Le côlon se situe juste après l’intestin grêle dans le système digestif et mesure environ 1,5 mètre de long. Son rôle est principalement de stocker les déchets, récupérer l'eau, maintenir l'équilibre hydrique, et l'absorption de certaines vitamines, telle que la Vitamine K. Selon que la composition en eau varie de plus ou moins 5 %, les selles peuvent être liquides ou moulées. Mais les diarrhées d’origine colique n’ont pas l’abondance des diarrhées du grêle.

NB:
Cet article est simplement un aperçu d’une petite partie du fonctionnement de l’intestin vis-à-vis de l’eau. Ne tenter pas de soigner seuls vos enfants en cas de diarrhée aiguë. L’état d’hydratation doit être évalué par un médecin. Même si vous avez vu un médecin et que vous êtes plus tranquille, levez vous 2 ou 3 fois durant la nuit pour surveiller le bébé et lui proposer à boire, sans forcer.

Nous verrons une autre fois la "diarrhée aiguë ou gastroentérite". La simple réhydratation ne suffit pas


Remerciements:
Je remercie Le Dr Jehan-François Desjeux pédiatre qui m'a tout appris sur la diarrhée quand il travaillait avec la toxine cholérique à la mise au point des solutions de ré-hydratations. Il est devenu Directeur de recherche à l'INSERM et Professeur à l'INAM.

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